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Ukraine : visite historique samedi à Kyiv de Macron, Merz, Starmer et Tusk

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le président français sera ce samedi dans la capitale ukrainienne avec le chancelier allemand Friedrich Merz et les Premiers ministres britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk pour réaffirmer leur solidarité avec Volodymyr Zelensky.
Volodymyr Zelensky le 4 mai à Prague. (Photo/Anadolu. AFP)
publié le 9 mai 2025 à 18h36
(mis à jour le 9 mai 2025 à 23h44)

Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et les Premiers ministres britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk seront ce samedi à Kyiv pour réaffirmer, aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky leur «solidarité avec l’Ukraine contre l’invasion barbare et illégale de la Russie», ont annoncé vendredi soir les quatre chefs d’Etat et de gouvernement dans un communiqué commun.

La visite d’une journée permettra aux quatre nations de rappeler leur soutien «sans faille» à l’Ukraine et de réclamer, dans le sillage des Etats-Unis, un «cessez-le-feu complet et inconditionnel de 30 jours» à la Russie. C’est la première fois que les dirigeants de France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la Pologne se rendent ensemble en Ukraine. Et ce au lendemain d’une démonstration de force du président russe Vladimir Poutine qui a reçu une vingtaine de dirigeants étrangers, dont le chinois Xi Jinping, sur la place Rouge à Moscou.

«Nous continuerons d’accroître notre soutien à l’Ukraine. Nous intensifierons notre pression sur la machine de guerre russe jusqu’à ce que la Russie accepte un cessez-le-feu durable», ont-ils prévenu dans leur déclaration conjointe.

A Kyiv, le quatuor doit tenir, au côté du président ukrainien Volodymyr Zelensky, une réunion virtuelle avec les autres dirigeants de la «coalition des volontaires», ces pays occidentaux, essentiellement européens, prêts à apporter des «garanties de sécurité» à l’Ukraine.

Ils informeront ainsi les autres pays des «progrès réalisés en vue d’une future coalition rassemblant des forces aériennes, terrestres et maritimes pour aider à régénérer les forces armées ukrainiennes après un éventuel accord de paix et pour renforcer la confiance en la paix future», selon leur déclaration.

Le président français et le Premier ministre britannique assurent le pilotage de cette coalition aux contours encore flous qui s’est déjà réunie à Paris et Londres ces derniers mois.

Emmanuel Macron, Keir Starmer et Friedrich Merz ont embarqué dans le même train en Pologne près de la frontière avec l’Ukraine et se sont retrouvés en tenue décontractée dans un wagon pour un échange à trois, ont constaté vendredi dans la soirée des journalistes de l’AFP.

Après avoir affirmé être prête à respecter un cessez-le-feu de 30 jours, l’Ukraine se projette et cherche la formule d’une paix durable. Son président Volodymyr Zelensky avait annoncé vendredi dans la journée la tenue samedi 10 mai à Kyiv d’une réunion des dirigeants de la «coalition des volontaires», sans préciser qui serait présent dans la capitale ukrainienne. Créée au début du mois de mars, cette dernière regroupe une trentaine de pays - essentiellement européens - autour de deux missions : apporter un soutien militaire à l’Ukraine et lui éviter, une fois un éventuel accord de paix conclu, une nouvelle invasion russe.

«En Ukraine, nous nous préparons également à rencontrer les dirigeants de la coalition des volontaires», a ainsi annoncé le président ukrainien lors d’un discours par visioconférence à l’occasion de la réunion des dix pays de la JEF (Joint expeditionary force) à Oslo. Pour le chef d’Etat en guerre depuis plus de trois ans contre Moscou, aucun doute : son pays a «besoin de cette coalition» qui «devrait être suffisamment forte pour garantir la sécurité conformément à notre vision commune».

Sous la houlette de la France et du Royaume-Uni, l’instance a émergé à l’heure où Donald Trump se rapprochait de la Russie, les Européens souhaitant renforcer leur soutien à l’Ukraine de crainte de voir les Etats-Unis leur faire faux bond. Toutefois, plusieurs pays de la coalition conditionnent toujours leur participation à la mise en place d’un filet de sécurité américain. L’Ukraine attend donc de ses alliés qu’ils définissent des garanties de sécurité claires pour se prémunir contre toute future action militaire russe.

Visio et présentiel

Telle que présentée en mars lors du sommet de Londres pour l’Ukraine, l’initiative pourrait décliner sa stratégie en plusieurs points. Pour commencer, ses pays membres s’engageraient à maintenir leur aide militaire à Kyiv tout en préservant les sanctions économiques exercées sur Moscou. Ensuite, ils pourraient insister pour qu’un éventuel accord de paix garantisse la souveraineté et la sécurité du pays. Et soit ainsi durable. Aussi, et surtout, les nations de la coalition seraient prêtes à renforcer les capacités militaires défensives de l’Ukraine, même une fois les combats terminés.

Qui participera aux discussions, samedi ? Alors qu’il venait de signer un traité avec la Pologne visant à accroître la coopération en matière de défense et d’énergie, Emmanuel Macron a rapidement confirmé que la France serait de la partie. Le président français a par ailleurs précisé que les échanges se feraient en partie en visio et en partie en présentiel.

Pour le reste, Volodymyr Zelensky n’a pas donné la liste des invités. La Finlande a évoqué de son côté une «une réunion virtuelle» des soutiens de Kyiv à laquelle assistera son président, Alexander Stubb. Pour sa part, le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a annoncé sa participation à une «rencontre entre le président Zelensky et les dirigeants français et britanniques», sans préciser si elle sera en ligne ou en présentiel. Plus tôt cette semaine, le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz avait déclaré vouloir rendre visite à son homologue dans un avenir proche.

Silence de courte durée

L’annonce de ce sommet intervient alors que Donald Trump a renouvelé jeudi son appel déjà formulé en mars à un «cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours» en Ukraine. Une initiative saluée ce vendredi par les pays du nord de l’Europe. Lors d’un appel téléphonique avec le président américain, jeudi 8 mai, Volodymyr Zelensky a de son côté estimé que la proposition constituait un «véritable indicateur» de progrès vers la paix avec la Russie, et que Kyiv était prêt à le mettre en œuvre immédiatement.

Ne reste donc plus qu’à connaître la réponse de Vladimir Poutine. Si le président russe n’a pas encore donné officiellement la réplique à son homologue américain, il a récemment décrété l’interruption des combats pendant trois jours. Bombardements, drones et fusils devaient donc se taire les 8, 9 et 10 mai, à l’occasion des commémorations du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un silence de courte durée. Dans les douze premières heures, l’Ukraine a accusé la Russie d’avoir mené 734 attaques à son encontre. Et Moscou de rétorquer que son voisin l’aurait cherché en frappant le premier.