Dans la cour de ce commissariat militaire du nord de Moscou, une dizaine d’hommes affublés d’un treillis tout neuf se mettent en ligne. Le père Alekseï, envoyé par un monastère de la ville pour assurer un service religieux, bénit un à un les futurs soldats. La giclée d’eau bénite jetée au visage, il lance d’une voix monotone : «N’oubliez jamais que dans les moments de froid, de faim et de danger, dieu est toujours avec vous» et propose un entretien particulier.
Personne ne réagit, nombre de nouvelles recrues ont préféré passer ces derniers moments avec leurs proches. Le prêtre retourne sous sa tente avec ses icônes et son eau. Les familles s’entrelacent, les hommes fument une dernière cigarette, les enfants pleurent et un fonctionnaire presse tout le monde, une vingtaine d’hommes, à l’embarquement. Le car est escorté par la police de la route, direction le parc Patriote. Deux cars sont envoyés chaque jour dans ce lieu connu pour accueillir un biathlon international de tanks chaque été. C’est aussi une base militaire nommée «Alabino» désormais réquisitionnée pour héberger les Moscovites mobilisés.
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Devant le commissariat, les services municipaux ont installé un four militaire derrière un tank mémoriel de la Seconde Guerre mondiale. On y sert thé et kacha (bouillie à base de céréales) aux familles des mobilisés. Collée au four, une femme, la quarantaine, pleure, seule. «Mon mari a reçu une convocation, nous sommes venus, j’attends de savoir ce que décide la commission,