L’atmosphère est lourde, dans cette pinède de la rue Shakespeare, en limite nord d’Izioum. Le ciel hésite entre un soleil tiédasse, et les pleurs retenus de lourds nuages gris. Plus d’une centaine de journalistes piétinent la boue de l’artère mal pavée, qui mène à un petit cimetière. La veille au soir, le président Volodymyr Zelensky a fortement insisté pour que la presse vienne à Izioum, se rendre compte de l’ampleur des crimes des forces russes dans la région de Kharkiv. Pour l’instant, la Garde nationale cordonne ce petit coin de forêt. A intervalles réguliers, des mines explosent, détonées par les sapeurs, alors que le site, qui était utilisé par l’armée russe comme position pour les chars, n’est pas encore sécurisé.
Oleksandr Filchak, le procureur de Kharkiv, débarque suivi de ses experts en médecine légale, valises à la main. Suivis par des dizaines de travailleurs du département des situations d’urgence, recouverts d’une cape de plastique bleue et équipés de pelles. Le travail a commencé, avant que les cordons de plastique ne s’écartent et que les journalistes puissent entrer sur le site. L’odeur ne laisse planer aucun doute. Pestilentielle. Jusqu’à la nausée. La mort est passée par là, il n’y a pas si longtemps. Les spécialistes viennent d’ouvrir une fosse commune contenant