Sonate ukrainienne matinale. D’abord le lamento de l’alerte antiaérienne, devenu un ver d’oreille insupportable après 957 jours de guerre. Suivi d’un silence, une demi-pause, très vite interrompue par deux ou trois notes caractéristiques, à la fois brèves et puissantes, qui font poc, et poc, comme une enceinte acoustique qui débloque. Puis, soudain, cette onde qui traverse le corps, même à plusieurs kilomètres de l’impact. Moins de cinq minutes après l’alarme, pas besoin d’ouvrir l’application Telegram : lundi 7 octobre au matin, peu après 8h30, ce sont bien des missiles air-sol hypersoniques Kinjal que les chasseurs Mig-31K russes ont tirés sur la capitale ukrainienne.
Durant la matinée, l’administration civile et militaire de Kyiv confirme l’hypothèse des «poignards», signification de Kinjal en russe, les plus véloces missiles de l’arsenal du Kremlin. Tirés depuis le territoire russe, souvent de l’aérodrome de Lipetsk, ils volent à 3 000 km/h en haute altitude et peuvent atteindre Kyiv en trois minutes, Odessa en quatre minutes et Lviv en cinq minutes. Lundi, selon l’armée de l’air, deux Kinjal ont été abattus au-dessus de Kyiv, probablement par