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Guerre en Ukraine : en Arabie Saoudite, Marco Rubio juge «prometteuse» la proposition de cessez-le-feu partiel de Zelensky

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le chef de la diplomatie américaine est arrivé à Jeddah lundi 10 mars, avant de rencontrer le prince héritier Mohammed ben Salmane et d’entamer, avec ses homologues ukrainiens, des discussions préparatoires aux négociations avec la Russie. Une première depuis la débâcle à Washington.
Macron Rubio dans l'avion militaire qui l'amène à Jeddah, le 10 mars. (Saul Loeb /Reuters)
publié le 10 mars 2025 à 8h47
(mis à jour le 10 mars 2025 à 17h37)

Un premier bon point avant le début des discussions. Marco Rubio a salué, à son arrivée à Jeddah, la proposition de cessez-le-feu partiel formulée par Volodymyr Zelensky. «Je ne dis pas que cela suffira mais c’est le genre de concession dont on a besoin pour faire cesser le conflit», a commenté le chef de la diplomatie américaine à son arrivée lundi 10 mars en Arabie Saoudite, où il doit participer aux discussions préparatoires à des négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie. Cette réunion sera la première entre les responsables ukrainiens et américains depuis la visite désastreuse de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, qui avait donné lieu à une spectaculaire joute verbale avec Donald Trump et son vice-président, J.D. Vance. Washington a, depuis, suspendu son aide militaire et son partage de renseignements, et Zelensky tente de recoller les morceaux avec son homologue américain.

C’est le président ukrainien qui ouvre le bal diplomatique lundi en rencontrant le prince héritier Mohammed ben Salmane. «Après cela, mon équipe restera en Arabie Saoudite pour travailler avec nos partenaires américains», a expliqué Volodymyr Zelensky. Ces discussions, très attendues et prévues mardi à Jeddah, doivent servir à «définir un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial» entre la Russie et l’Ukraine, a annoncé l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui sera présent.

L’Ukraine est restée plus vague. «Nous espérons discuter et se mettre d’accord sur les décisions et étapes nécessaires», a dit le leader ukrainien, sans préciser sur quel sujet. Kyiv est favorable à un «dialogue constructif» mais veut que ses intérêts soient «pris en compte», a-t-insisté, se disant persuadé que la réunion serait «productive». Il a aussi dit espérer «des résultats à la fois pour se rapprocher de la paix et poursuivre le soutien», semblant faire référence à l’aide américaine suspendue. Evoquant cette suspension, Marco Rubio a confié «espérer pouvoir la résoudre», renvoyant la pression aux discussions à venir. «Evidemment, ce qui se passera demain sera déterminant à cet égard.»

Accord sur les minerais ukrainiens

Les relations entre Washington et Kyiv se sont profondément dégradées en l’espace de quelques semaines, avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier. Cela se produit à l’heure où l’Ukraine est à la peine sur le front. Durant le week-end, la Russie a revendiqué d’importantes avancées dans sa région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.

Donald Trump, lui, a multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d’être un «dictateur», de n’être pas assez reconnaissant ou de n’être pas prêt à la «paix». La tension a culminé lors d’une altercation fin février à la Maison Blanche, où le président ukrainien devait signer un accord sur l’exploitation des minerais de son pays par les Etats-Unis. Le ton s’est depuis quelque peu apaisé, Volodymyr Zelensky jugeant l’incident «regrettable» et Donald Trump estimant que son homologue ukrainien était prêt à négocier, menaçant même Moscou de nouvelles sanctions. «Nous allons faire beaucoup de progrès. Dès cette semaine je pense», a assuré dimanche soir Donald Trump à des journalistes bord de l’avion présidentiel Air Force One.

Mais les désaccords demeurent. L’accord sur l’exploitation minière, dont Donald Trump compte tirer des revenus pour rembourser l’aide américaine fournie à Kyiv, n’a toujours pas été conclu. Interrogé sur la possibilité qu’il soit signé en Arabie Saoudite, Steve Witkoff avait assuré que Zelensky avait «proposé de le signer, et nous verrons s’il le fait». Autre point d’achoppement, le récent rapprochement entre Washington et Moscou, en rupture avec la politique occidentale d’isolement du président russe Vladimir Poutine. Le voyage en Arabie Saoudite de Volodymyr Zelensky devait initialement avoir lieu en février, mais il l’avait reporté après avoir dénoncé la tenue de pourparlers russo-américains. Steve Witkoff s’est aussi rendu à Moscou en février. Il a ensuite dit s’être entretenu longuement avec Vladimir Poutine et avoir commencé à développer une «amitié» avec lui.

Mise à jour à 17h36 avec les déclarations de Marco Rubio