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Guerre

L’Ukraine confirme avoir effectué ses premières frappes en Russie avec les missiles américains ATACMS

Moscou accusait l’Ukraine d’avoir tiré dans la nuit de lundi à ce mardi 19 novembre six missiles de moyenne portée fournis par les Etats-Unis contre un site militaire de la région frontalière russe de Briansk.
Des missiles Atacms utilisés lors d'un exercice en Corée du Sud, le 6 juin 2022. (AFP)
publié le 19 novembre 2024 à 14h20
(mis à jour le 19 novembre 2024 à 15h46)

L’Ukraine a frappé la Russie avec des missiles ATACMS américains, confirme ce mardi 19 novembre dans l’après-midi un haut responsable ukrainien auprès de l’AFP. «L’attaque contre la région de Briansk a été menée avec des missiles ATACMS», a déclaré ce responsable s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Interrogé à ce sujet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’a ni démenti ni confirmé, se bornant à dire que son pays avait des ATACMS à sa disposition et allait «les utiliser».

Plus tôt dans la journée, Moscou avait accusé Kyiv d’avoir tiré dans la nuit six de ces missiles de moyenne portée fournis par les Etats-Unis contre un site militaire de la région frontalière russe de Briansk. Après 1 000 jours de guerre, il semble donc bien s’agir de leur première utilisation par l’Ukraine après que l’autorisation donnée par le président Joe Biden d’utiliser ces armes pour frapper le sol russe.

«A 3 heures 25, l’ennemi a frappé un site de la région de Briansk» avec des «missiles tactiques ATACMS», selon un communiqué du ministère de la Défense, qui assure que cinq missiles ont été détruits et un autre a été endommagé par la défense antiaérienne russe. «Ses fragments sont tombés sur la zone technique d’un site militaire dans la région de Briansk, provoquant un incendie qui a été rapidement maîtrisé», selon le ministère. Ces frappes n’ont pas fait de victimes.

Cité par le Washington Post ce mardi après-midi, un fonctionnaire ukrainien, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a confirmé l’utilisation de ces systèmes d’armes au cours de la nuit. Des fonctionnaires du ministère de la défense ont également confirmé que la cible visée se trouvait bien à Briansk.

Une vidéo du tir a été partagée sur X par Anton Gerashchenko, ancien vice ministre de l’Intérieur de l’Ukraine. D’après Andri Kovalenko, chef du service ukrainien de lutte contre la désinformation, le stock d’armes visé contenait des bombes aériennes guidées, des missiles de défense anti-aérienne et MLRS, des munitions d’artillerie, y compris des obus de Corée du Nord. L’arsenal «avait déjà été attaqué par des drones plus tôt», a souligné Andri Kovalenko sur Telegram. Sans confirmer qu’il s’agit bien de missiles ATACMS qui ont été utilisés.

«L’Ukraine et l’Occident veulent l’escalade», selon Sergueï Lavrov

Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, a réagit en milieu d’après-midi ce mardi à l’annonce du tir de missiles Atacms. «L’Ukraine et l’Occident veulent l’escalade», accuse-t-il, avant d’ajouter que «les frappes ukrainiennes de missiles Atacms en Russie sont menées avec les Américains». Le chef de la diplomatie russe a ensuite intimé à l’Occident de lire «la totalité de la doctrine russe sur le recours à l’arme nucléaire» et promet «une réponse appropriée» de la Russie.

Ce tir de missile longue portée mené en territoire russe intervient peu après la signature ce mardi par le président Vladimir Poutine d’un décret élargissant les possibilités de recours à l’arme nucléaire, en cas d’assaut aérien «massif» par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire, avec notamment, «parmi les conditions justifiant l’utilisation des armes nucléaires […], le lancement de missiles balistiques contre la Russie». Des références claires à l’Ukraine et aux Etats-Unis.

«Il était nécessaire d’adapter nos fondements (de la doctrine nucléaire) à la situation actuelle», a commenté Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. En septembre, Poutine avait prévenu que si l’Ukraine frappait le territoire russe avec des missiles de plus longue portée occidentaux, cela signifierait que «les pays de l’Otan sont en guerre contre la Russie».

Réclamé de longue date par Kyiv à ses alliés occidentaux, le feu vert à l’utilisation de missiles américains en territoire russe est un sérieux coup de pouce donné aux forces ukrainiennes. En août, la Russie avait affirmé avoir détruit douze missiles ATACMS ciblant la Crimée annexée, péninsule ukrainienne que Moscou considère comme partie intégrante de son territoire.

Mise à jour : à 15h45, avec l’ajout de la confirmation de l’utilisation des ATACMS par l’Ukraine.