Les Etats-Unis accusent la Russie d’avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (Ciac), selon un communiqué publié mercredi 1er mai dans la soirée par le département d’Etat américain, équivalent du ministère des Affaires étrangères. «L’utilisation de ces produits chimiques n’est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille», écrit le département d’Etat.
Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d’inhalation, présente un risque pour la santé.
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«Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la Ciac s’inscrit dans la même logique que les opérations d’empoisonnement d’Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok», poursuit le département d’Etat. Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, mort le 16 février, avait été victime d’un grave empoisonnement qu’il avait attribué au Kremlin. L’ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.
La Russie a déclaré ne plus posséder d’arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l’utilisation d’armes toxiques dont il est accusé.
«Comme toujours, ces accusations semblent totalement infondées», a répondu ce jeudi en fin de matinée le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, en assurant que Moscou respectait ses «obligations relatives au droit international» dans ce domaine.
«Affaiblir l’effort de guerre russe»
Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l’effort de guerre russe dans l’invasion de l’Ukraine. Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d’armes chimiques et biologiques russes.
«Les sanctions prises aujourd’hui visent à perturber encore plus et affaiblir l’effort de guerre russe en s’attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement [des sanctions existantes, ndlr] qui l’aident à se fournir», a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.
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Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d’aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits. Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays : les Emirats arabes unis, la Turquie et l’Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l’Union européenne, la Belgique et la Slovaquie. Une centaine d’entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.
Les membres du G7 ainsi que l’UE et plusieurs pays proches, tels que l’Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l’encontre de la Russie depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Mise à jour : à 12h01, avec l’ajout de la déclaration du porte-parole du Kremlin.