Menu
Libération
Suspicion

Guerre en Ukraine: le Bélarus se défend de toute velléité d’invasion

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Alors que le dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko a rencontré vendredi Vladimir Poutine et que son pays accueille des troupes russes, le chef d’état major général des forces armées du Bélarus a déclaré que son pays ne prévoyait pas de se joindre à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Alexandre Loukachenko, vendredi, à Moscou. (Mikhail Klimentyev/AFP)
publié le 12 mars 2022 à 15h27

Verra-t-on bientôt les troupes bélarusses aux côtés des soldats russes en Ukraine ? Alors que les autorités ukrainiennes s’alarment d’un afflux de troupes bélarusses massées à la frontière, le chef d’état-major général des forces armées bélarusses, Viktor Gulevich, déclare ce samedi que son pays ne prévoyait pas de se joindre à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Toutefois, il a précisé que cinq groupes tactiques de bataillons (BTG) - composés de fantassins, de blindés et de pièces d’artillerie - vont être envoyés à la frontière avec l’Ukraine afin de remplacer les forces déjà stationnées sur place. «Je tiens à souligner que le transfert de troupes n’est en aucun cas lié à (une quelconque) préparation, et surtout pas à la participation de soldats bélarusses à l’opération militaire spéciale sur le territoire de l’Ukraine», affirme le gradé.

La crainte d’une intervention des troupes bélarusse est montée d’un cran au cours de la journée de vendredi, quand un haut responsable de la sécurité ukrainienne a enjoint officiellement le Bélarus à ne pas envoyer de troupes en Ukraine, craignant que le pays de Loukachenko ne rejoigne les forces armées russes dans les heures qui suivaient. Ce qui aurait été une nouvelle étape du conflit, car si le Bélarus sert de base pour une partie troupes, les missiles et les avions russes, il n’a pas engagé ses propres forces dans la bataille.

Vendredi encore, l’Ukraine a accusé des avions russes d’avoir tiré sur des villages frontaliers bélarusses depuis l’espace aérien ukrainien, un moyen selon eux de fournir un prétexte à une offensive du Bélarus. Selon le centre d’État ukrainien pour les communications stratégiques, ces attaques présumées ont eu lieu alors même que le dirigeant bélarusse, Alexandre Loukachenko, rencontrait son homologue russe, Vladimir Poutine, à Moscou.

«Nous essayons de persuader les troupes biélorusses de ne pas participer»

Pour Svetlana Tikhanovskaïa, leader de l’opposition bélarusse en exil, «le dictateur bélarusse a en fait cédé le contrôle de son pays au Kremlin», ainsi qu’elle le dit dans une interview accordée au journal britannique The Guardian. «Il nous semble que Loukachenko ne contrôle plus notre armée, la seule chose qu’il contrôle est la répression contre le peuple bélarusse, estime-t-elle, avant d’ajouter : «Nous voyons des signes de l’occupation militaire du Bélarus».

La semaine dernière, des images indiquant un renforcement des forces bélarusses près de la frontière ukrainienne sont également apparues sur les médias sociaux. Plutôt que d’obéir à des «ordres criminels», Svetlana Tikhanovskaïa a appelé les soldats bélarusses à refuser de se battre en Ukraine, à déserter ou à changer de camp une fois sur place. «Nous essayons de persuader les troupes bélarusses de ne pas participer. Nous communiquons avec les mères des soldats, en essayant de les convaincre de ne pas laisser leurs enfants partir à cette guerre», dit-elle.

Depuis le 24 février, date du début de l’invasion russe en Ukraine, le Bélarus est devenu une rampe de lancement pour les frappes de missiles balistiques russes. Moscou a déplacé environ 30 000 de ses troupes au Belarus dans les semaines précédant l’assaut, officiellement pour un «entraînement militaire». Quatre jours après le début de l’invasion, Loukachenko a révoqué la neutralité constitutionnelle de son pays après la guerre froide, après qu’un référendum organisé lui a donné l’autorisation d’accueillir de manière permanente non seulement les forces russes mais aussi les armes nucléaires russes, retirées du pays après la chute de l’Union soviétique en 1991. Une alerte stratégique qui coïncide également avec l’annonce faite par Poutine, le 28 février, de la mise en état d’alerte de la force nucléaire russe.