Le photographe français Antoni Lallican a été tué ce vendredi 3 octobre dans la matinée, à 9h20 (heure française), par une frappe de drone FPV dans le Donbass, en Ukraine. La mort de ce reporter de 37 ans a été confirmée par l’agence Hans Lucas, pour laquelle il travaillait depuis 2018, et par un communiqué commun de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et du Syndicat national des journalistes (SNJ). Son collègue ukrainien George Ivanchenko, âgé de 25 ans, a été grièvement blessé. Selon des journalistes français présents sur place, il a été opéré et son état s’est stabilisé.
Selon les autorités ukrainiennes, les deux hommes, qui ont travaillé à plusieurs reprises pour Libération, faisaient partie d’un groupe de journalistes qui accompagnaient une unité de la 4e brigade blindée ukrainienne près de la localité de Droujkivka. Dans leur communiqué, la FIJ et le SNJ affirment qu’ils «portaient des équipements de protection et un gilet pare-balles qui portait l’inscription “Presse”» lorsque le véhicule a été frappé. 17 journalistes au total ont perdu la vie depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, selon le décompte de la FIJ. C’est la première fois qu’un reporter est tué par une attaque de drone.
«Un professionnel expérimenté et humain»
«Notre compatriote, le photojournaliste Antoni Lallican, accompagnait l’armée ukrainienne sur le front de la résistance. J’ai appris avec une profonde tristesse son décès», a écrit dans un message publié sur le réseau social X le président de la République, Emmanuel Macron, qui a dénoncé «une attaque de drones russes» et rendu hommage aux journalistes «qui, au péril de leur vie, nous informent et témoignent de la réalité de la guerre».
«Antoni Lallican était un professionnel expérimenté, engagé et profondément humain. Son travail était axé sur les problématiques sociales et sociétales, avec une attention particulière pour les zones de conflit et les droits humains», a expliqué dans un communiqué l’agence Hans Lucas. Le trentenaire collaborait avec de multiples titres de la presse française, parmi lesquels, outre Libération, le Monde, le Figaro, Mediapart ou encore la Croix.
Prix de la photographie engagée
Il a également publié dans de nombreux médias étrangers, comme le quotidien allemand Die Welt ou le journal suisse le Temps. Ses reportages l’ont mené en Arménie, en Israël, dans les Territoires palestiniens ou encore en Syrie. En février, il avait obtenu le prix Victor-Hugo de la photographie engagée en 2024 pour un reportage consacré à la guerre en Ukraine. Il avait aussi été finaliste, l’année dernière, du prestigieux prix Lucas Dolega.
Pour Libération, le trentenaire s’est rendu à l’été 2022 dans le Donbass, à Lyssychansk, où les combats faisaient rage. Un an plus tard, il a accompagné une de nos journalistes pour un reportage dans une morgue de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine. Quant à George Ivanchenko, il a photographié pour Libération des soldats ukrainiens fatigués par la guerre, qui refusaient la conscription. Il a aussi tiré le portrait au street-artist Gamlet Zinkivsky, dont les œuvres recouvraient à l’été 2024 les murs de Kharkiv, et raconté par ses images la bataille à armes inégales qui se déroulait au nord de la ville, la deuxième plus grande du pays.