Peut-être une première rencontre entre les deux dirigeants en guerre depuis maintenant plus de trois ans. Le vice-président américain JD Vance a assuré que les Etats-Unis travaillent à «programmer» une réunion entre Donald Trump et ses homologues russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky. Une annonce qui tombe à quelques jours du sommet prévu le vendredi 15 août, uniquement entre les présidents russe et américain en Alaska. Durant cette rencontre, il devra être question, selon le chef d’Etat américain, d’un possible accord prévoyant «des échanges de territoires» pour mettre fin au conflit qui a fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts depuis plus de trois ans dans les deux pays.
«L’un des blocages les plus importants est que Vladimir Poutine a dit qu’il ne s’assiérait jamais avec [Volodymyr] Zelensky, le dirigeant ukrainien, et le président [Trump] a réussi à changer cela», a affirmé JD Vance lors d’un entretien avec la chaîne conservatrice Fox News, diffusé dimanche 10 août. Désormais, a-t-il ajouté, l’administration américaine travaille à «programmer [le moment où] ces trois dirigeants pourraient s’asseoir et discuter de la fin de ce conflit» en Ukraine.
L’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Otan, Matthew Whitaker, a lui laissé entendre dimanche que le président ukrainien pourrait assister au sommet entre Trump et Poutine. «Oui, je pense sans aucun doute que c’est possible», a répondu sur CNN le diplomate américain. «Il ne peut assurément pas y avoir d’accord si toutes les parties impliquées n’y ont pas souscrit. Et, évidemment, la priorité absolue c’est de parvenir à la fin de la guerre», a estimé Matthew Whitaker. Mais au final, ce sera à Donald Trump de décider, a prévenu son ambassadeur à l’Otan. «S’il estime qu’inviter Zelensky est le meilleur scénario, alors il le fera», a-t-il assuré tout en soulignant qu’«aucune décision n’a été prise».
L’UE veut inclure l’Ukraine dans les discussions
De leur côté, les dirigeants du Vieux Continent insistent eux aussi pour que Kyiv soit partie prenante aux négociations américano-russes. L’UE a ainsi réuni ses chefs de la diplomatie ce lundi 11 août, en présence de leur homologue ukrainien Andriï Sybigua. Les Vingt-Sept cherchent à peser sur les pourparlers, craignant un accord aux dépens de l’Ukraine.
«Le président Trump a raison de dire que la Russie doit mettre fin à sa guerre contre l’Ukraine. Les Etats-Unis ont le pouvoir de contraindre la Russie à négocier sérieusement», a martelé dans un communiqué la responsable de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas. Mais, a-t-elle insisté, «tout accord entre les Etats-Unis et la Russie doit inclure l’Ukraine et l’UE car c’est une question de sécurité pour l’Ukraine et pour l’ensemble de l’Europe».
Ce nouvel échange s’ajoute à une série de contacts qui se sont déroulés pendant le week-end, avec notamment une réunion samedi dernier au Royaume-Uni entre conseillers à la sécurité nationale européens, américains ainsi qu’en présence du vice-président américain JD Vance. Le chef de l’Etat ukrainien s’est entretenu lui-même ces trois derniers jours avec 13 dirigeants européens, ainsi qu’avec les présidents du Kazakhstan et de l’Azerbaïdjan.
Par ailleurs, le porte-parole du chancelier Friedrich Merz a annoncé ce lundi que Donald Trump, les dirigeants des principaux pays européens et de l’Ukraine, ceux de l’Otan et de l’UE participeront mercredi à une «réunion virtuelle» au sujet de l’Ukraine. Ces «discussions», organisées à l’initiative de Berlin «en différents groupes thématiques», porteront sur «la préparation de possibles négociations de paix», les questions «relatives aux revendications territoriales et aux garanties de sécurité» ainsi que sur d’éventuelles «actions supplémentaires» pour «exercer une pression sur la Russie», rapporte un communiqué diffusé ce lundi.
«La Russie a l’intention de tromper l’Amérique»
Volodymyr Zelensky, qui ne participera donc pas en principe au sommet prévu en Alaska, a, pour sa part, exhorté ses alliés européens à définir une approche commune. «La Russie refuse d’arrêter les massacres et ne doit donc pas recevoir de récompenses ou d’avantages. Et ce n’est pas seulement une position morale, c’est une position rationnelle. Les concessions ne persuadent pas un tueur», a rappelé lundi le président ukrainien, appelant à ne pas céder aux exigences de Poutine.
Kyiv «travaille bien sûr avec les Etats-Unis. Il ne se passe pas un jour sans que nous communiquions sur les moyens de parvenir à une paix véritable. Nous comprenons que la Russie a l’intention de tromper l’Amérique», a également averti Volodymyr Zelensky dans son traditionnel message du soir. Vladimir Poutine a pour sa part conversé avec neuf chefs d’Etat ou de gouvernement en trois jours dont Xi Jinping, Narendra Modi et Inacio Lula da Silva.
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Donald Trump, qui avait promis de régler le conflit ukrainien en 24 heures à son retour à la Maison Blanche, avait ensuite entamé un spectaculaire rapprochement avec le président russe. Mais il a récemment fait montre d’une frustration grandissante alors que la Russie a intensifié ses bombardements de l’Ukraine ces derniers mois. L’annonce du sommet en Alaska est intervenue vendredi, le jour-même de l’expiration d’un ultimatum américain lancé au Kremlin pour mettre un terme au pire conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Dans la nuit de samedi à dimanche les dirigeants français, allemand, italien, polonais, britannique et finlandais, et la présidente de la Commission européenne ont exhorté le président américain à accroître la «pression» sur la Russie. Ils ont estimé que toute négociation devrait avoir lieu «dans le contexte d’un cessez-le-feu ou d’une réduction des hostilités» et averti qu’une solution diplomatique devrait inclure des «garanties de sécurité solides et crédibles» pour l’Ukraine.
Alors que l’armée russe contrôle actuellement environ 20 % du territoire ukrainien, Moscou réclame que Kyiv lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan. Des exigences inacceptables pour le gouvernement ukrainien.
Mise à jour à 17 h 45 avec l’annonce d’une réunion mercredi entre l’UE, Washington et Kyiv