L’Europe a décidé de répondre à Donald Trump, à l’heure où les initiatives américaines vis-à-vis de Moscou sèment le trouble. Après une déclaration en ce sens de la Pologne puis plusieurs heures d’incertitude, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a confirmé ce dimanche 16 février la tenue d’une réunion de dirigeants européens lundi à Paris. Emmanuel Macron «réunira les principaux pays européens pour des discussions portant sur la sécurité européenne», a déclaré Jean-Noël Barrot à la mi-journée sur France Inter.
Le chef de la diplomatie française s’est toutefois montré vague sur l’importance de cet événement. Affirmant qu’il s’agissait tout de même d’une entrevue de «chefs d’Etats et de gouvernements», sans donner de noms, il a aussi appelé à ne «pas dramatiser», en évoquant «une réunion de travail, qui sont très fréquentes». Dans la foulée, l’Elysée a fait savoir que participeront à cette «réunion informelle», dans l’après-midi, «les chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’OTAN».
Le ministre des Affaires étrangères polonais, Radosław Sikorski, avait déclaré samedi sur X que son Premier ministre Donald Tusk se rendrait «lundi à l’invitation du président Emmanuel Macron à une réunion des dirigeants européens». Objectif, selon lui : «Montrer notre force et notre unité». De son côté, la présidence française se bornait à parler de «discussions» entre «leaders européens pour une possible rencontre informelle», sans pour autant confirmer de date.
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Sans concertation avec les Européens, qui soutiennent Kyiv depuis trois ans aux côtés des Etats-Unis, Donald Trump a eu un premier entretien cette semaine avec son homologue russe Vladimir Poutine. Et s’il en a informé Volodymyr Zelensky, il n’a pas cherché à s’entendre au préalable avec lui sur une stratégie de négociation. Les dirigeants de l’UE sont convaincus que la sécurité du continent se joue dans de futurs pourparlers sur l’Ukraine que l’administration américaine veut accélérer, mais ils peinent à imposer leur voix.
«Une paix qui soit une capitulation, c’est une mauvaise nouvelle pour tout le monde», a prévenu vendredi Emmanuel Macron, soulignant que «seule» l’Ukraine pouvait «négocier avec la Russie» ce qui relève de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.
«Un rôle spécifique pour les Européens»
Dans le Financial Times, le chef de l’Etat français a également insisté sur la nécessité pour les Européens d’être à la table des négociations sur une future architecture de sécurité du continent : «C’est à la communauté internationale, avec un rôle spécifique pour les Européens, de discuter des garanties de sécurité et plus largement des règles de sécurité de toute la région. C’est là, dit que nous, nous avons un rôle à jouer».
Emmanuel Macron a été le premier à évoquer l’envoi de troupes au sol en Ukraine pour garantir sa sécurité par rapport à la Russie en cas de cessez-le-feu. Le nouveau chef du Pentagone a martelé qu’il appartiendrait aux Européens de trouver des garanties de sécurité «robustes» pour le maintien d’une paix «durable», excluant le déploiement de soldats américains en Ukraine.
Mise à jour : ce dimanche 16 février à 19h04, avec l’ajout des participants à la réunion précisés par l’Elysée.