La cacophonie, pour rester dans l’euphémisme poli, des Vingt-Sept dans le conflit entre Israël et le Hamas souligne à rebours à quel point ils ont été incroyablement unis dès le départ dans leur soutien à l’Ukraine, une unité qui s’est même renforcée depuis deux ans, contrairement aux Cassandres qui agitent régulièrement le spectre de «la fatigue de la guerre». C’est d’autant plus remarquable que les Etats membres de l’Union ont longtemps été profondément divisés face au Kremlin, les positions s’étageant de la franche hostilité de la Pologne et des pays baltes, qui n’ont rien oublié de quarante ans d’occupation soviétique, à l’amitié intéressée, sincère ou nostalgique de l’Allemagne, de la Hongrie et de la Bulgarie.
«Une forte cohésion interne»
Or, du jour au lendemain, l’Union a été contrainte de se penser en puissance géopolitique, elle qui se rêvait en «grande Suisse commerçante et pacifique», pour reprendre l’expression de l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, face à «une menace existentielle à la fois pour elle et pour l’Otan», ainsi que le souligne Frédéric Mérand, directeur du département de sciences politiques de l’Université de Montréal. Pourtant, rappelle à Libération Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale,