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Libération
Déclarations d'intention

L’Ukraine pourrait devoir céder des territoires pour obtenir une «paix temporaire», dit le maire de Kyiv

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Vitali Klitchko était interviewé par la BBC ce vendredi, vingt-quatre heures après des tirs meurtriers de la Russie sur Kyiv, et alors que les tractations pour un cessez-le-feu se crispent sur la question de la Crimée.
Le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, après la frappe russe dans la capitale ukrainienne, le 24 avril 2025. (Danylo Antoniuk /Anadolu. AFP)
publié le 25 avril 2025 à 7h46
(mis à jour le 25 avril 2025 à 10h37)

La Russie «prête» à signer un accord, à quelques «éléments spécifiques» près. Dans une interview à CBS dans la nuit de jeudi à vendredi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assuré des bonnes dispositions de son camp pour la signature d’un accord, vingt-quatre heures après une nouvelle salve de tirs meurtriers de la Russie vers l’Ukraine qui ont entraîné la colère de Donald Trump à l’égard de Moscou.

Le président américain «parle d’un accord et nous sommes prêts à conclure un accord, mais certains éléments spécifiques doivent encore être peaufinés», a affirmé Lavrov. «Il y a plusieurs signes qui montrent que nous allons dans la bonne direction», a-t-il poursuivi, décrivant Donald Trump comme «probablement le seul dirigeant sur la planète qui reconnaît le besoin de s’attaquer aux causes profondes de la situation».

«La Russie gardera la Crimée. Et Zelensky comprend ça», a déclaré le président Trump dans une interview publiée ce vendredi par l’hebdomadaire américain Time, à propos de la péninsule annexée par Moscou en 2014. Dans la même interview, il répète par ailleurs que l’Ukraine est selon lui responsable du conflit déclenché par l’invasion russe en février 2022 : «Ce qui a fait commencer la guerre, c’est quand les Ukrainiens ont évoqué la possibilité de rejoindre l’Otan.»

«Solution douloureuse»

De son côté, le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, a déclaré en anglais, dans un entretien à la BBC diffusé ce vendredi, qu’«un des scénarios… serait d’abandonner des territoires. C’est injuste, mais pour la paix, une paix temporaire, peut-être que c’est une solution, temporaire».

Le président Volodymyr Zelensky, que le maire de la capitale ukrainienne a critiqué par le passé, pourrait être contraint d’accepter «une solution douloureuse» pour le pays, afin de faire cesser les combats. En revanche, l’Ukraine «n’acceptera jamais une occupation» du pays par Moscou, a-t-il insisté.

Les négociations entamées par le président américain Donald Trump patinent, près de 100 jours après son retour à la Maison Blanche, en particulier la question de possibles concessions territoriales après trois ans de guerre, ainsi que le sort de la Crimée, annexée en 2014 par la Russie.

«Vladimir, ARRÊTE»

Le président américain, qui a fait peser la responsabilité du blocage des tractations sur les épaules de l’Ukraine, avait indiqué dans le même temps être «très proche» d’un compromis avec la Russie pour mettre fin à la guerre déclenchée par l’invasion à grande échelle lancée par la Russie en février 2022. Mais les derniers bombardements meurtriers imputables à Moscou l’ont sorti du ton conciliant que Washington a l’habitude d’adopter vis-à-vis du Kremlin.

«Vladimir, ARRÊTE», s’est-il ainsi agacé jeudi par une de ses formules lapidaires sur sa plateforme Truth Social. «Je ne suis pas content de ces frappes russes sur Kyiv. Pas nécessaire, très mauvais timing. 5 000 soldats meurent chaque semaine.» Des reproches auxquels Lavrov a répondu lors de son interview. Reprenant les éléments de langage de l’armée russe, le responsable a assuré que les frappes, qui ont provoqué douze morts dans la capitale, un des plus lourds bilans depuis des mois, ne visaient que «des objectifs militaires ou des sites civils utilisés par l’armée».

D’ici à la fin de semaine, l’émissaire de Donald Trump aux Etats-Unis Steve Witkoff doit de nouveau se rendre à Moscou, tandis que Volodymyr Zelensky a déclaré vouloir profiter des funérailles du pape, samedi à Rome, pour rencontrer Donald Trump, qui sera à Rome dès vendredi soir. La question territoriale sera inévitablement abordée, alors que l’accord évoqué par la Russie prévoirait, selon des informations de presse, une reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie. Le président américain a jugé cette semaine la péninsule «perdue» pour l’Ukraine. Ce à quoi Volodymyr Zelensky a répondu que l’Ukraine faisait «tout ce que nos partenaires ont proposé, sauf ce qui est contraire à notre législation et à la Constitution» ukrainienne sur l’intégrité territoriale du pays, Crimée comprise.

Mise à jour à 10 h 30, avec les déclarations du maire de Kyiv, Vitali Klitschko.

Mise à jour à 15 h 20 avec l’interview de Donald Trump au Time magazine.