Les Nations unies se sont trouvé un blagueur. En ces temps de guerre et de catastrophes climatiques, c’est précieux. Et l’ironie est suffisamment rare dans les enceintes internationales pour être signalée. Elle est signée d’Edi Rama, le Premier ministre albanais, qui n’a jamais eu la langue dans sa poche pour dégainer piques et blagues ces dernières années. Mercredi 20 septembre, en tant que président du Conseil de sécurité de l’ONU, qui organisait une session exceptionnelle sur l’Ukraine, il a cinglé le représentant russe. Celui-ci venait, à nouveau, de s’agacer et de s’opposer à ce que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, prenne la parole devant ce Conseil.

«Je tiens à assurer à nos collègues russes et à tous ceux qui sont ici qu’il ne s’agit pas d’une opération spéciale de la présidence albanaise», a commencé Rama pour railler l’«opération militaire spéciale», l’expression employée par Moscou pour ne pas utiliser le mot guerre au sujet de l’invasion de l’Ukraine. Puis, avec cette voix calme de basse qui habite la haute stature du Premier ministre albanais, il a décoché : «Il existe une solution à ce problème, a-t-il dit en adressant directement à l’ambassadeur Vassili Nebenzia. Si vous êtes d’accord, vous arrêtez la guerre et le président Zelensky ne prendra pas la parole.» Rires étouffés dans la salle du