Il est 5 heures, Kharkiv s’éveille. Les premières lueurs percent à travers les rideaux, quand la sempiternelle sirène retentit, suivie d’un son affreux, comme le râle d’un ptérodactyle malade en phase terminale, qui sort du téléphone : un système créé pour alerter la population éloignée des haut-parleurs, pour pallier les applications mobiles dédiées, quand la 4G ne passe pas. Une trentaine de secondes, voilà le laps de temps nécessaire pour se mettre aux abris avant les premiers impacts au sol, et encore seulement les bons jours, tant il arrive que les explosions précèdent l’avertissement.
En ce matin d’avril, une première explosion retentit, suivie d’une seconde, quelques instants plus tard. A l’intérieur de l’immeuble, les ampoules s’éteignent, l’électricité saute dans toute la ville. A l’oreille, une dizaine de déflagrations s’intercalent sur environ cinq minutes. Le son produit ne laisse aucun doute : aucun des missiles se précipitant sur Kharkiv ce jour-là n’a été intercepté, révélant un manque dramatique d’équipements de défense anti-aérienne. Sur Telegram, les premières nouvelles s’embouteillent : la centrale thermique Kharkiv TES-3 a été touchée, quelques jours après TES-5.
Pas un quartier n’est épargné
Selon le service d’Etat des situations d’urgence (DSNS), mobilisé sur les lieux, plusieurs missiles sol-air russes S-300, tirés depuis la région russe frontalière de Belgorod, se sont abattus sur des infrastructures énergétiques, auxquelles l’accès n’est pas autorisé. Fin de l’alerte, et une journé