C’est un outil en moins dans l’arsenal de l’armée ukrainienne et pas des moindres. Mercredi 8 février, à Washington, l’entreprise Space X fondée par Elon Musk a dégainé le couperet : des mesures actives ont été prises pour empêcher les forces ukrainiennes d’utiliser son service de connexion Internet par satellite Starlink. Un outil pourtant précieux pour guider les drones ukrainiens, viser les positions russes et assurer la défense du territoire, alors que le pays s’est réveillé ce vendredi matin sous un déluge de feu, visé par des frappes massives de missiles russes.
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C’est Gwynne Shotwell, la présidente de l’entreprise astronautique et numéro 2 de Space X, qui a détaillé la mesure. «Il y a des choses que nous pouvons faire pour limiter leur capacité à utiliser [Starlink]», a prévenu Shotwell lors de cette conférence de presse, précisant que «les Ukrainiens l’ont exploité d’une manière qui n’était pas intentionnelle et qui ne faisait partie d’aucun accord».
Starlink voulait que le Pentagone paie
Des déclarations qui ne vont pas réchauffer des relations déjà particulièrement glaciales entre l’entreprise américaine et le gouvernement ukrainien. Après que le fondateur de Space X, Elon Musk, a reçu les éloges de l’Ukraine et de la communauté internationale pour avoir rapidement fourni l’outil Starlink à l’Ukraine au début de l’invasion russe, un article publié par CNN le 31 janvier dernier a fait vaciller l’entente cordiale. Documents exclusifs à l’appui, les journalistes américains ont ainsi révélé que SpaceX tentait d’obtenir de la part du Pentagone le paiement de milliers de terminaux, ainsi que leur coûteuse connectivité, à destination des services militaires et de renseignement ukrainiens.
Pour un haut responsable de la défense cité dans l’article, SpaceX a eu «le culot de passer pour un héros». Musk a rapidement réagi au rapport de CNN le 31 janvier, jour de la publication de l’article, en tweetant ironiquement : «Au diable tout ça… nous allons continuer à financer le gouvernement ukrainien gratuitement».
SpaceX Starlink has become the connectivity backbone of Ukraine all the way up to the front lines. This is the damned if you do part.
— Elon Musk (@elonmusk) January 31, 2023
However, we are not allowing Starlink to be used for long-range drone strikes. This is the damned if you don’t part.
Les déclarations de Shotwell mercredi soir balaient d’un revers de main toute idée d’accord. «C’est moi qui ai demandé au Pentagone de financer, ce n’était pas une idée d’Elon», a-t-elle souligné, tout en ajoutant avoir «cessé d’interagir avec le Pentagone […] Ils ne paient pas». Selon Gwynne Shotwell, son entreprise n’a jamais envisagé l’utilisation de Starlink dans un but militaire.
A year of 🇺🇦 resistance & companies have to decide:
— Михайло Подоляк (@Podolyak_M) February 9, 2023
-Either they are on the side of 🇺🇦 & the right to freedom, and don’t seek ways to do harm.
-Or they are on RF’s side & its "right" to kill & seize territories.#SpaceX (Starlink) & Mrs. #Shotwell should choose a specific option
Pour le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhailo Podoliak, l’heure est désormais à la décision pour les entreprises internationales. «Une année de résistance et les entreprises doivent décider : soit ils sont du côté de l’Ukraine, du droit à la liberté, et ne cherchent pas les moyens de faire du mal, ou bien ils sont du côté de la fédération de Russie et de son «droit» de tuer et de s’emparer de territoire», a-t-il écrit dans un tweet publié jeudi dans la matinée. «SpaceX et Madame Shotwell doivent choisir», a-t-il ajouté.