De violents combats mais des objectifs atteints. C’est ainsi que le président Volodymyr Zelensky a présenté la situation près de deux semaines après le début de l’offensive ukrainienne en territoire russe. Dans un message posté sur Telegram ce lundi 19 août, le chef d’Etat ukrainien fait un point d’étape et cite un rapport du commandant en chef des forces ukrainiennes Oleksandr Syrsky. «De violents combats se poursuivent dans la direction de Pokrovske et dans la défense de Toretsk. […] Le commandant en chef a également donné de nouveaux détails sur l’opération dans la région de Koursk. Nous atteignons nos objectifs», a-t-il assuré. Dans son dernier point militaire, les forces armées ukrainiennes ont revendiqué contrôler plus de 1 250 km2 et 92 localités en Russie.

L’opération transfrontalière déclenchée le 6 août à la surprise de Moscou vise, selon le Président, à «créer une zone tampon» entre la Russie et l’Ukraine. Auparavant, Zelensky avait plutôt déclaré que l’opération visait notamment à protéger les habitants de la région frontalière de Soumy des bombardements. «Notre tâche principale dans les opérations […] est désormais de détruire autant que possible le potentiel de guerre russe et de mener un maximum d’actions contre-offensives. […] Cela inclut la création d’une zone tampon sur le territoire de l’agresseur», a-t-il précisé.

Côté russe, l’offensive en cours ne peut donner lieu à des pourparlers. La Russie «ne parlera pas» avec l’Ukraine après l’offensive lancée par Kyiv dans la région de Koursk, a affirmé ce lundi le Kremlin. «A ce stade, compte tenu de cette aventure, nous ne discuterons pas», a souligné Iouri Ouchakov, le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, auprès du média russe Shot. «Pour l’instant, il serait tout à fait inapproprié d’entamer un processus de négociation», a-t-il ajouté. Vendredi, Mykhaïlo Podoliak, un conseiller du président ukrainien, assurait que l’un des objectifs de l’offensive dans la région de Koursk était de forcer Moscou à des négociations «équitables».

Selon les observateurs militaires de l’Institute for the Study of War, les avancées de l’armée ukrainienne dans la région de Koursk se sont confirmées durant le week-end, notamment au nord de la ville de Martynovka. Des images géolocalisées prisent le samedi 17 août montrent également que les forces de Kyiv ont fait des prisonniers parmi les soldats russes, notamment au sud de Goncharovka.

Toujours selon les analystes militaires américains, il a été confirmé que l’Ukraine a détruit le troisième et dernier pont sur la rivière Seym, ouvrage permettant de relier les forces russes du district frontalier de Glushkovsky à Koursk. De quoi encore plus isoler ces territoires russes sous le feu ukrainien et ainsi étendre de 700 km² la zone contrôlée par les forces armées de Kyiv. Avec la destruction de ce pont, la Russie ne peut plus faire entrer ou sortir de fournitures ou d’équipements dans cette zone.

Dans le sud-ouest de la Russie, les autorités locales ont déclaré l’état d’urgence à Proletarsk. Dimanche 18 août, une attaque de drones ukrainiens a provoqué l’incendie de stocks de carburant et blessé au moins 18 pompiers. Selon un rapport de l’administration du district de Proletarsk publié ce lundi matin sur Telegram, les efforts pour éteindre l’incendie situé sur ce site industriel de la région de Rostov sont toujours en cours. Selon cette source, des moyens supplémentaires ont été dépêchés pour maîtriser l’incendie «dans des conditions très difficiles suscitées par de hautes températures».

Côté ukrainien, une source au sein des services de renseignement militaires ukrainiens (GUR) a confirmé dimanche l’attaque de drones ciblant l’installation de stockage de carburant et de produits pétroliers Kavkaz, à Proletarsk. Selon cette source, cette installation fournissait le «complexe militaro-industriel» russe.

Ville de près de 20 000 habitants, Proletarsk se situe à quelque 200 kilomètres de la frontière ukrainienne et à environ 350 kilomètres des zones de combat tenues par Kyiv sur la ligne de front de l’est de l’Ukraine. Depuis près de 15 jours, ces attaques de drones sont conjointes à l’offensive menée par l’armée ukrainienne. Depuis son attaque surprise, Kyiv affirme contrôler plus de 80 localités dans la région de Koursk.

Si l’armée ukrainienne maintient ses positions en territoire russe, de son côté, les forces armées du Kremlin continuent leur percée en Ukraine. Dans l’est du pays, l’armée russe progresse : les autorités ukrainiennes ont ordonné ce lundi l’évacuation des familles avec enfants de Pokrovsk et ses alentours, alors que les forces russes ne cessent de progresser vers cette ville stratégique de l’est de l’Ukraine. «Nous commençons l’évacuation forcée des familles avec enfants de l’agglomération de Pokrovsk. […] Quand nos villes sont à la portée de pratiquement toutes les armes ennemies, la décision d’évacuer est nécessaire et inévitable», a détaillé sur les réseaux sociaux Vadym Filachkine, le gouverneur de la région de Donetsk.

Plus de 53 000 personnes dont près de 4 000 enfants vivent dans cette agglomération située non loin de la ligne de front orientale de l’Ukraine, a rappelé le gouverneur sur Telegram. Pokrovsk est une ville stratégique, située à l’intersection d’une route importante qui approvisionne les principales garnisons ukrainiennes du front, depuis longtemps la cible de l’armée russe. Dimanche, le ministère russe de la Défense a déclaré avoir capturé la localité de Svyrydonivka, à une quinzaine de kilomètres de Pokrovsk.

Moscou a également revendiqué ce lundi la capture de la localité de Zalizne, située toute proche de la ville de Toretsk, autre velléité stratégique de l’armée du Kremlin. Plus nombreuses et dotées d’un meilleur équipement, les troupes russes poursuivent ces derniers jours leur avancée sur le front dans l’Est. Une avancée entachée par l’offensive ukrainienne autour de Koursk.