Que serait-il advenu d’Haïti si, en 1825, vingt ans après l’indépendance arrachée à la France par les révoltes d’esclaves, Paris n’avait pas réclamé au jeune Etat une énorme compensation financière sous la menace de canonnières ? Le pays serait-il tout de même devenu l’un des moins développés au monde, rongé par la corruption, la violence des gangs et la pauvreté ? La question ne sera jamais complètement soldée, mais le New York Times ambitionne d’y amener un nouvel élément de réponse. Dans un ensemble d’articles publiés ce week-end, le quotidien américain avance des chiffres et des faits.
En 1825, «Haïti devient le premier et le seul pays à voir plusieurs générations de descendants d’esclaves verser des réparations financières aux héritiers de leurs anciens maîtres». Pour payer la faramineuse somme réclamée (rien que le premier versement représente six fois le revenu annuel du gouvernement), Port-au-Prince s’endette auprès de banques françaises. «C’est ce qu’on appelle la “double dette” d’Haïti – l’indemnité et l’emprunt contract