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Inflation

Hausse des taux: la délicate ligne de crête de la Banque centrale européenne

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La nouvelle hausse des taux envisagée par la BCE au nom de la lutte contre l’inflation, qui galope sur le continent, n’est pas sans risque sur la croissance et le chômage.
Le retour à la normale post-Covid, prévu par la Banque centrale pour 2022, a été perturbé par la guerre en Ukraine. (Boris Roessler /dpa Picture-Alliance via AFP)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 7 septembre 2022 à 20h43

L’inflation dans la zone euro ne cesse d’accélérer : elle a atteint 9,1% en août sur un an contre 8,9% en juillet et 8,6% en juin. Du jamais-vu depuis le lancement de l’euro, en janvier 1999, ce qui contraint la Banque centrale européenne (BCE), dont l’objectif d’inflation de 2% «à moyen terme» est pulvérisé, à jeter des seaux d’eau glacée sur l’économie afin d’enrayer l’incendie. Elle va donc augmenter à nouveau, ce jeudi, ses taux de 50 ou de 75 points de base, après les 50 points du mois de juillet (première hausse en onze ans), ce qui va porter son principal taux directeur, le REFI, de 0% à 0,50% ou 0,75%.

Ce mouvement de hausse est loin d’être terminé puisque ses taux réels (défalqués de l’inflation) restent encore largement négatifs. Le problème pour Francfort est que l’instrument des taux n’est pas le plus adapté pour lutter contre une inflation essentiellement importée et qu’il risque de plonger l’Europe dans la récession voire de pousser certains Etats vers la faillite…

Reprenons : à la mi-2021, l’inflation a de nouveau dépassé 2% – pour la première fois depuis 2013 – à cause de la brutale reprise économique qui a suivi le tout aussi brutal arrêt de l’activité en 2020 décrété par les gouvernements afin de lutter contre le Covid. L’inflation est principalement due à des goulots d’étranglement dans les chaînes de production et de transport mondiales ainsi qu’à la poursuite de la politique «zéro Covid» en Chine, l’usine du monde, et non à une surchauffe de