C’est la première fois que des vivres sont acheminés dans l’enclave bloquée depuis décembre. Un convoi d’aide internationale est entré samedi 23 septembre au Haut-Karabakh, ou «Nagorny Karabakh». «Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est passé par le corridor de Latchine pour apporter à la population 70 tonnes d’aide humanitaire principalement», a déclaré une responsable de l’institution.
L’Arménie accuse depuis fin 2022 Bakou de bloquer cette unique route qui la relie directement au Haut-Karabakh et d’y provoquer ainsi d’importantes pénuries. Des milliers de personnes y sont confrontées à une situation d’urgence humanitaire. Le porte-parole de l’armée azerbaïdjanaise a d’ailleurs assuré que des camps étaient en train d’être mis en place pour accueillir des civils.
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L’Azerbaïdjan a de son côté annoncé samedi procéder - «en étroite coopération avec les soldats de maintien de la paix russes - à une «démilitarisation» des forces sécessionnistes arméniennes. L’armée azerbaïdjanaise a montré à la presse, sur les hauteurs de la «capitale» Stepanakert, des centaines d’armes saisies aux séparatistes depuis son offensive éclair en début de semaine dans cette région sécessionniste en majorité peuplée d’Arméniens.
Un soldat azerbaïdjanais a toutefois été blessé lors d’une violation du cessez-le-feu, a annoncé samedi soir le contingent russe de maintien de la paix déployé dans cette enclave, signe de la volatilité de la situation sur le terrain.
Au moins 600 victimes
Vaincus à l’issue de l’assaut déclenché mardi par Bakou, les séparatistes ont capitulé et conclu un cessez-le-feu dès le lendemain. L’opération militaire azerbaïdjanaise a fait au moins 200 morts et 400 blessés, d’après les séparatistes arméniens.
Cette enclave montagneuse, rattachée en 1921 par le pouvoir soviétique au territoire azerbaïdjanais, a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques de l’URSS que sont l’Azerbaïdjan et l’Arménie : l’une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l’autre à l’automne 2020 (6 500 morts).
Reportage
En visite dans la région à la tête d’une délégation de parlementaires américains, le sénateur Gary Peters s’est prononcé samedi pour l’envoi d’«observateurs internationaux» au Haut-Karabakh. «Le gouvernement azerbaïdjanais nous a dit qu’il n’y avait rien à craindre. Si tel est le cas, nous devrions permettre à des observateurs internationaux d’aller voir par eux-mêmes pour que le monde puisse savoir exactement ce qui se passe», a-t-il plaidé.
L’Azerbaïdjan a promis samedi à la tribune de l’ONU de traiter les Arméniens, majoritaires au Haut-Karabakh en tant que «citoyens égaux». «L’Azerbaïdjan est déterminé à réintégrer les habitants arméniens de la région du Karabakh d’Azerbaïdjan comme des citoyens égaux», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Djeyhoun Baïramov devant l’Assemblée générale des Nations unies.
Pachinian sous pression
Accusé de passivité face à l’Azerbaïdjan, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a reconnu vendredi que «la situation» restait «tendue» au Haut-Karabakh. Mais «il y a un espoir de dynamique positive», avait-il ajouté, notant que le cessez-le-feu était «globalement» respecté. Des personnes hostiles à Pachinian manifestent tous les jours à Erevan, la capitale de l’Arménie, pour protester contre la gestion de la crise par l’exécutif.
Plusieurs dirigeants de l’opposition ont de leur côté fait connaître leur intention d’ouvrir au Parlement une procédure de destitution à l’encontre du chef du gouvernement. Selon la police arménienne, 19 «contestataires» ont été arrêtés samedi – contre 98 manifestants la veille –, tandis que Pachinian appelle au calme et à emprunter «le chemin» de la paix, bien que ce ne soit «pas facile».