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Réfugiés

Haut-Karabakh : un exode arménien sous l’œil inquiet des Occidentaux

Les Etats-Unis et la France ont fait part de leur «préoccupation» quant au sort des dizaines de milliers de déplacés qui affluent vers l’Arménie depuis la victoire de l’Azerbaïdjan.
Les personnes évacuées du Haut-Karabagh passent par Kornidzor, après le corridor de Latchine, et roulent vers Goris où ils pourront s'enregistrer et avoir accès à manger auprès du CICR. (Rebecca Topakian/Libération)
publié le 26 septembre 2023 à 18h50

Une semaine après l’offensive éclair de Bakou, les Arméniens du Haut-Karabakh ont pris massivement la route de l’exode. Selon Erevan, 19 000 personnes sont déjà arrivées sur le territoire arménien depuis dimanche, quand l’Azerbaïdjan a finalement ouvert le corridor de Latchine, après des mois de blocus. Et ce malgré les promesses du président azerbaïdjanais Ilham Aliev de garantir les droits de tous les habitants du Haut-Karabakh, «quelle que soit leur ethnie». Mais les réseaux sociaux bruissent de craintes d’un «nettoyage ethnique» (les précédentes guerres entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont fait des dizaines de milliers de morts et de déplacés). Et les Azerbaïdjanais surveillent les hommes qui quittent l’enclave, à la recherche de potentiels auteurs de «crimes de guerre», parmi ceux qui ont combattu ces trente dernières années.

Le sort des 120 000 Arméniens du Karabakh inquiète en Occident, et notamment en France. «Nous constatons avec beaucoup de préoccupation un départ massif des populations arméniennes du Haut-Karabakh qui s’effectue sous l’œil complice de la Russie», a déclaré ce mardi 26 septembre Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, rappelant que Paris tiendrait «pleinement responsable l’Azerbaïdjan du sort de la population arménienne». La France, qui a déjà fourni une aide humanitaire de 3 millions d’euros, compte débloquer plus de 12 millions d’euros pour les réfugiés et les déplacés en Arménie et au Haut-Karabakh, a annoncé la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna. Lundi 25 septembre, le porte-parole du Département d’Etat américain, Matthew Miller, a également fait part de «l’inquiétude profonde» des Etats-Unis au sujet des Arméniens du Karabakh et évoqué l’envoi d’une «mission internationale» pour «assurer la transparence, rassurer et donner confiance aux habitants» de la région.

Une rencontre s’est tenue ce mardi à Bruxelles entre les représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, sous l’égide de Simon Mordue, principal conseiller diplomatique du président du Conseil européen, Charles Michel. La France et l’Allemagne étaient représentées par leurs conseillers nationaux à la sécurité. Le 5 octobre, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev doivent se rencontrer à Grenade, en Espagne, en présence d’Emmanuel Macron, du chancelier allemand, Olaf Scholz, et de Charles Michel.