En Autriche, la notion de cordon sanitaire n’a jamais été très porteuse. Cela fait déjà plus de trente ans que le pays fraie allègrement avec l’extrême droite. Avec toutefois une limite : depuis la chute du Troisième Reich, il n’a jamais porté au pouvoir un chancelier se revendiquant ouvertement d’extrême droite. Cela pourrait bientôt changer. Après des mois de négociations de coalition infructueuses, le FPÖ, parti de la liberté fondé en 1956 par d’anciens SS, a reçu du Président le mandat de former un gouvernement. S’il y parvient, probablement en formant une alliance avec les conservateurs, le prochain dirigeant autrichien pourrait bien s’appeler Herbert Kickl.
Silhouette ascétique de triathlète, grosses lunettes et perpétuelle barbe de trois jours, le président du FPÖ est longtemps resté un homme de l’ombre, plus à l’aise «dans la salle des machines» que dans le rôle du capitaine, pour reprendre ses mots. Mais en 2021, quand il prend la barre du parti, après plus de quinze ans passés à dessiner son idéologie, il choisit un cap clair. Alors que