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Libération
Droits humains

Homophobie en Russie : une chaîne de télévision condamnée à une amende pour «propagande» LGBT +

Au lendemain du bannissement du mouvement «international» LGBT + par la Cour suprême, un tribunal annonce ce vendredi 1er décembre avoir condamné la chaîne AIVA pour avoir diffusé un clip musical où les lèvres de deux femmes se frôlent.

Des manifestants pro-LGBT+ à Moscou, le 15 juillet 2020. (Shamil Zhumatov/Reuters)
Publié le 01/12/2023 à 18h48

Il en faut peu, vraiment très peu, pour choquer les Russes. Les lèvres de deux femmes qui s’effleurent et leurs mains qui se touchent, au milieu d’un clip où une dizaine de couples hétérosexuels font la même chose, et c’est toute la Russie qui s’en trouve violemment menacée. C’est en tout cas ce qu’ont semblé penser les juges d’un tribunal de Saint-Pétersbourg, qui ont annoncé ce vendredi 1er décembre avoir condamné la chaîne musicale AIVA à payer 500 000 roubles (environ 5 000 euros au taux actuel) pour avoir diffusé le clip de la chanson Tak krassivo («si beau») datant de 2017 et interprétée par Sergueï Lazarev, une vedette en Russie qui a représenté deux fois son pays à l’Eurovision.

Pour le tribunal, le clip en question ferait de la «propagande» LGBT +. Les images montrent deux mains «se caressant» qui semblent appartenir à «deux personnes du même sexe», d’après leurs «caractéristiques» physiques, explique-t-il dans un communiqué, citant le procès-verbal. L’interaction peut être perçue comme «sensuelle» et ayant lieu entre des «personnes affichant leurs préférences homosexuelles». Ce geste pourrait, toujours selon le procès-verbal, laisser penser que ces «préférences» sont «acceptables» et «égales à l’union entre un homme et une femme».

En Russie, une loi, dénoncée comme un instrument de répression homophobe, interdit la «propagande» de «relations sexuelles non traditionnelles» à tous les publics, et concerne donc les médias, les sites internet, les livres ou les films. Jeudi, le pays a franchi un cap supplémentaire : la Cour suprême russe a banni le mouvement «international» LGBT +, ouvrant la voie à des peines de prison pour les homosexuels et militants défendant leurs droits en Russie. L’audience s’était déroulée sans représentant de la défense, car aucune organisation ne portant ce nom n’existe dans le pays.

Cette nouvelle interdiction intervient dans un contexte de durcissement de la répression contre les personnes LGBT +, la Russie se posant en porte-drapeau des valeurs «traditionnelles» face à la décadence supposée de l’Occident. La dernière décennie a vu leurs droits drastiquement limités, sous l’impulsion de Vladimir Poutine soutenu par l’Eglise orthodoxe.