Viktor Orbán le répète à l’envi : il est à la tête d’un «gouvernement chrétien» qui soutient, à coups de millions d’euros, les chrétiens d’Irak, les femmes yézidies ex-exclaves de l’Etat islamique, ou celles victimes de violences dans l’orthodoxe Géorgie.
Cependant, chez lui, le Premier ministre hongrois n’hésite pas à harceler un homme d’Eglise, devenu sa bête noire. Le pasteur Gábor Iványi, septuagénaire à la barbe blanche et au regard bleu bienveillant, dirige une petite Eglise méthodiste, la Fraternité évangélique hongroise. L’Eglise gère, dans tout le pays, des écoles, des crèches et des foyers d’hébergement pour les plus démunis. Mais aujourd’hui, privée de subventions et poursuivie par le fisc, son œuvre sociale est menacée. Le crime du pasteur ? Dénoncer en permanence l’autoritarisme et la corruption du régime Orban. «La Hongrie est le seul pays européen dont la constitution criminalise les sans-abri, et où les réfugiés sont qualifiés de “terroristes”», fustige ce pasteur engagé.
Lieu en péril
C’est à quinze minutes du centre-ville, dans un quartier pauvre de Budapest, que sont installées plusieurs institutions de la communauté méthodiste. Dans un ancien garage reconverti en foyer pour SDF qui peut accueillir jusqu’à 400 personnes, des pensionnaires en chaise roulante bavardent dans un petit salon b