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Billet

Il est injuste de laisser la Bulgarie et la Roumanie dans le purgatoire de Schengen

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L’Autriche et les Pays-Bas ont une nouvelle fois bloqué l’entrée de ces deux pays dans l’espace européen de libre circulation. De la pure politique intérieure, qui repose sur des arguments fallacieux et caresse les populistes dans le sens du poil.
Les ministres de l'Intérieur tchèque et autrichien en amont de la réunion sur Schengen, jeudi à Bruxelles. (Kenzo Tribouillard/AFP)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 8 décembre 2022 à 19h48

La Bulgarie et la Roumanie viennent, pour la énième fois, de se faire claquer au nez la porte de Schengen. Ce jeudi, l’Autriche a posé son veto à leur adhésion, les Pays-Bas se contentant de bloquer la seule Bulgarie. Mais pourquoi un tel acharnement de Vienne et Amsterdam ? Comment ne pas donner raison à Sofia et Bucarest, membres de l’Union européenne depuis 2007, qui ont le sentiment qu’ils sont définitivement relégués en seconde division, tous leurs efforts étant passés par pertes et profits pour d’obscures raisons ?

Si on s’arrête aux justifications officielles données à ces refus, on se demande pourquoi la Croatie, qui n’a adhéré qu’en 2013, a obtenu un feu vert (qui permettra à Zagreb de rejoindre Schengen et la zone euro le 1er janvier). Car la «pression migratoire» invoquée par l’Autriche touche l’ensemble des pays des Balkans, Croatie comprise. D’ailleurs, la Slovénie envisage de maintenir ses contrôles frontaliers avec son voisin nonobstant son adhésion à Schengen. Et que dire de la corruption et des violations de l’Etat de droit reprochées à la Bulgarie par les Pays-Bas ? Ces reproches pourraient être adressés à l’ensemble des pays d’Europe centrale et orientale, mais aussi à l’Italie ou à la Grèce…

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