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Reportage

«Il fait 10°C dans la maison» : la Moldavie subit pénurie et trafic illégal de bois

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Avec l’explosion des prix de l’énergie et du bois, les Moldaves, fortement dépendants du gaz russe, peinent à se chauffer. Dans les villages et les forêts alentour, le trafic et le bucheronnage sauvage se développent.
Anastasia Vasilica, 72 ans, n’occupe que la chambre et le salon-cuisine de sa maison, où le poêle sert de chauffage et de cuisinière (Mazur Ramin/Libération)
publié le 26 janvier 2023 à 18h38

La première neige de l’hiver a saupoudré la forêt. Le froid a été long à arriver mais depuis quelques jours, il s’est fait mordant. A Scoreni, gros village du centre de la Moldavie, les cheminées fument. Rue Viilor, il reste encore quelques flocons sur le toit de tôle ondulée de la maison d’Anastasia Vasilica. A 72 ans, tout juste veuve, elle remplit son poêle avec parcimonie.

«Le prix du bois a doublé cette année, explique-t-elle. J’en ai eu pour 8 000 lei [400 euros, ndlr] pour mon stock de l’hiver.» La somme représente quatre fois sa retraite mensuelle d’ancienne comptable. Dépendante à 100% du gaz russe, la Moldavie a pris de plein fouet l’augmentation des prix décidée par Gazprom depuis l’été. Dans les villages et même en ville, le recours aux poêles à bois, encore très présents dans le pays, a bondi et les prix ont grimpé. Pour compenser, Anastasia fait des économies. Dans sa maison d’un vert pimpant, construite par son mari en 1972, elle n’occupe que la chambre et le salon-cuisine, où le poêle sert de chauffage et cuisinière. «Comme le mur touche le poêle, la chambre n’est pas trop froide. J’ai mes couvertures, je m’en sors bien», explique-t-elle, enveloppée dans une épaisse robe de chambre, fichu violet sur les cheveux.

A l’autre bout du village, Valentina