Viktor Orbán semble bel et bien décidé à jouer les trouble-fêtes des Vingt-Sept. «Il n’y a aucune raison de discuter quoi que ce soit, car les conditions n’ont pas été remplies», a lâché le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, ce jeudi 14 décembre dès l’ouverture du sommet du Conseil européen à Bruxelles, censé statuer sur l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et le paquet d’aides financières (50 milliards d’euros) qui lui est destiné. «Nous devons revenir sur ce sujet plus tard», a estimé le dirigeant nationaliste, évoquant, sans s’engager plus avant, l’échéance de mars 2024 fixée par la Commission européenne.
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Orbán cédera-t-il à la pression de ses partenaires européens, comme il l’a déjà fait par le passé ? Contre quelles garanties ? Mercredi, son pays avait obtenu par la Commission européenne le déblocage de 10,2 milliards d’euros – 21 milliards restent encore bloqués en raison de ses multiples manquements à l’Etat de droit –, une décision ayant provoqué la colère d’eurodéputés, dénonçant un «chantage». «Nous ne sommes pas ici pour offrir quelque chose à Orbán», a tonné de son côté le Premier ministre néerlandais Mark Rutte. «Nous allons travailler dur» pour trouver une solution, a-t-il ajouté, sans autres précisions sur les contours d’un possible compromis. «L’unité [de l’UE] est la clé», a insisté en écho la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola.
Sans l’aide des Vingt-Sept, «bien sûr, on ne peut pas gagner»
Pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, «la continuation et la hausse» de l’aide à l’Ukraine est une «question existentielle» pour l’Union européenne. Mais l’unanimité entre les Vingt-Sept, indispensable pour aboutir à accord, s’annonce pour l’heure plus qu’incertaine pour les dirigeants européens. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, déconfit par une contre-offensive inopérante et des signaux négatifs de la part de Washington où la majorité républicaine de la Chambre des représentants rechigne à voter un nouveau paquet d’aides, assure de son côté que l’Ukraine a rempli toutes les conditions réclamées par Bruxelles pour lancer le processus. Sans cette aide, «bien sûr, on ne peut pas gagner», a rappelé mercredi à Oslo Volodymyr Zelensky.
Au moment même où débutait le sommet crucial de Bruxelles, le président Vladimir Poutine, proche d’Orbán, assurait, depuis Moscou, que la Russie était suffisamment en confiance pour «aller de l’avant». La paix passe par la «dénazification» et la «démilitarisation» de l’Ukraine, a martelé le maître du Kremlin.