Le mirador trône encore au milieu du pré. Olaf Olejnik ouvre la lourde porte en acier déformée par le temps. Les coccinelles réfugiées à l’intérieur s’envolent en pagaille, réveillées par les rayons du soleil réchauffant les murs humides de l’automne. «Ici, c’est l’ancienne salle d’armes», explique l’ex-soldat de l’armée est-allemande. L’armoire à fusils est encore là.
«Le poste comptait un commandement avec huit soldats responsables d’une section de 10 kilomètres de frontière. Ils avaient toute la liberté de tirer sur les fugitifs», raconte-t-il. Au sommet du mirador, la salle d’observation offre une vue à 360° sur plusieurs kilomètres à la ronde. «De ce côté, c’est la Basse-Saxe, à l’Ouest. De l’autre, Salzwedel en Saxe-Anhalt. A l’Ouest, on vote encore pour les écologistes. A l’Est, on les ignore», résume-t-il pour symboliser les «différences de mentalité» qui persistent entre les deux anciennes parties de l’Allemagne. La frontière a disparu. Mais un mur est toujours dans les têtes.
Sur l’ancienne frontière interallemande, 200 kilomètres à l’ouest de Berlin, on ne tue plus. Le no man’s land est devenu un espace de vie naturel. Le «ruban vert» a remplacé ce que les Allemands appelaient autrefois le «ruban de la mort» (Todesstreifen). «Cette ancienne frontière est aujourd’hui un réservoir de biodiversité», se félicite Olaf Olejnik, devenu ornithologue à l’ONG environnementale Bund für Umwelt und Naturschutz (Bund).
Des forêts, des fleuves et des marais
Plus de 1 200