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Réfugiés

Immigration : l’Autriche devient le premier pays de l’UE à suspendre le regroupement familial

Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
La coalition au pouvoir en Autriche a décidé ce mercredi 26 mars de suspendre les procédures de regroupement familial pour les migrants. C’est la première fois qu’un pays membre de l’Union Européenne adopte une telle loi.
Des passants à Vienne, la capitale autrichienne, le 10 mars 2025. (Alex Halada /APA. AFP)
publié le 26 mars 2025 à 14h48

L’Autriche continue sa politique de lutte contre l’immigration. Le nouveau gouvernement autrichien a annoncé ce mercredi 26 mars son intention de mettre fin au regroupement familial des réfugiés. La raison affichée : une volonté de «protéger» le pays alpin face à l’afflux de ces dernières années. Cette mesure est une première dans l’Union Européenne.

Un décret va désormais être publié et «d’ici le mois de mai, dans quelques semaines à peine, cet arrêt deviendra réalité», a précisé la ministre de l’Intégration Claudia Plakolm, à l’occasion du Conseil des ministres à Vienne. «Nous avons atteint les limites de nos capacités d’accueil», a-t-elle ajouté, le gouvernement disant vouloir «protéger les systèmes» de santé, d’emploi et d’éducation.

Selon l’élue conservatrice, «la probabilité d’une intégration réussie diminue à chaque nouvelle arrivée». La tâche est «titanesque», selon elle, rappelant que de nombreux réfugiés ont du mal à apprendre l’allemand, à trouver un travail et une place dans les écoles. Cette mesure, en vigueur pour six mois dans un premier temps, pourra être prolongée jusqu’en mai 2027.

En Autriche, le parti nationaliste FPÖ a signé fin septembre une victoire historique aux législatives. Et s’il a échoué à former une coalition, il reste de très loin le premier parti du pays dans les sondages. La mesure prise par le gouvernement autrichien intervient dans un contexte de durcissement des politiques migratoires de plusieurs Etats membres de l’UE, sur fond d’ascension de l’extrême droite.

«Les capacités de l’Autriche sont limitées», selon le chancelier Stocker

Le chancelier conservateur Christian Stocker, au pouvoir depuis début mars avec les sociaux-démocrates et les libéraux, est donc sous pression pour maintenir une ligne dure. Le 13 mars, il avait lui-même justifié une telle mesure. «Les capacités de l’Autriche sont limitées et c’est pourquoi nous avons décidé d’empêcher toute surcharge supplémentaire», avait-il détaillé.

Plusieurs associations de défense des droits humains ont critiqué la décision du gouvernement. «Il faut justifier d’une situation d’urgence» pour pouvoir stopper le regroupement familial, «ce qui n’est pas le cas en Autriche», a réagi auprès de l’AFP Lukas Gahleitner, porte-parole de l’ONG Asylkoordination Österreich, qui compte déposer un recours en justice.

L’Autriche, qui a vu affluer les réfugiés sur son sol lors de la crise migratoire de 2015, dit avoir observé «une nette hausse» des arrivées de membres de la famille de ceux ayant obtenu l’asile ou ayant droit à une protection subsidiaire parce que leur pays d’origine est considéré comme dangereux. En 2023, ils étaient près de 9 300 et l’an dernier 7 800 dans un pays de 9,2 millions d’habitants. L’écrasante majorité vient de Syrie et sont déjà concernés par une telle restriction de leurs droits, annoncée après la chute du président Bachar al-Assad en décembre 2024.