Après le coup de force intenté dans la nuit du vendredi 23 juin au samedi 24 juin par Evgueni Prigojine, le fondateur de la milice privée Wagner, la confusion règne en Russie. Les paramilitaires revendiquent la prise de Rostov-sur-le-Don, à la frontière de l’Ukraine, et promettent de marcher vers Moscou. Fondatrice du centre de réflexion genevois Center for Russia and Eastern Europe Research (CREER) et spécialiste de la géopolitique russe, Carole Grimaud analyse pour Libération les implications de ce coup de théâtre, qu’elle décrit comme un «tournant».
Le régime de Vladimir Poutine est-il confronté à une crise existentielle ?
Le régime est très fragilisé. On le voit dans les signes donnés par le pouvoir, quand on regarde le déploiement de protection à Moscou et autour des bâtiments institutionnels. On dirait que c’est l’Otan qui attaque la Russie. La crainte de Vladimir Poutine, c’est Wagner, mais c’est aussi la perspective d’un soulèvement populaire ou de voir l’armée russe rallier Wagner. Il y a plusieurs menaces qui se superposent. Le pouvoir est plongé dans le chaos. C’est la première fois depuis 1990 et le putsch des généraux contre Mikhaïl Gorbatchev que l’exécutif russe est confronté à une telle insurrection militaire. C’est donc un véritabl