L’invasion de l’Ukraine par la Russie a braqué comme jamais les projecteurs sur le renseignement militaire. Aux Etats-Unis, les responsables politiques en ont fait un usage inédit en rendant public, quasiment en temps réel, quantité d’informations, parfois très précises. Une haute responsable américaine, Karen Gibson, qui a dirigé le renseignement du Commandement américain pour le Moyen-Orient (Centcom), expliquait récemment en privé n’avoir jamais vu ça, surprise que les Etats-Unis aient pris tant de risques : si Poutine avait renoncé, l’administration Biden aurait eu l’air va-t-en-guerre et les services incompétents voire malhonnêtes, avec un vilain air de redite du scénario de 2003, quand de fausses preuves avaient justifié l’invasion d’Irak.
Qu’en est-il de la France ? Paris, toujours frileux dès qu’il est question de renseignement, n’a pas inondé le débat public d’informations obtenues par ses services spécialisés. Quelques déclarations publiques permettent néanmoins de se faire une idée de l’appréciation française. Le 15 février, un peu plus d’une semaine avant que les chars russes traversent la frontière, la ministre des Armées, Florence Parly, indique aux députés de la commission de la défense : «Si nous voyons les mêmes choses que nos partenaires, nous n’en tirons pas nécessairement les mêmes conclusions.» La formule alambiquée est e