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«Midi contre Poutine» : Ioulia Navalnaïa exhorte les Russes à s’exprimer le jour du scrutin présidentiel

La veuve de l’opposant russe Alexeï Navalny, dont les funérailles ont réuni des milliers de sympathisants la semaine dernière, appelle ses compatriotes à manifester leur opposition au Kremlin en se rendant tous aux bureaux de vote, le 17 mars à midi pile.
Ioulia Navalnaïa, veuve d'Alexeï Navalny, au Parlement européen de Strasbourg le 28 février. (Johanna Geron/Reuters)
publié le 6 mars 2024 à 12h21

«17 mars. Midi. Pour Navalny.» Ce n’est ni un boycott, ni une manifestation. C’est un pied de nez au président russe Vladimir Poutine, dans la même veine que les traits d’humour de son défunt mari, Alexeï Navalny. Veste de tailleur rouge, le teint cristallin, sous un néon «Navalny», Ioulia Navalnaïa, veuve en exil de l’opposant russe décédé, est apparue ce mercredi dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Celle qui a promis de poursuivre la lutte de son époux contre la dictature du Kremlin a exhorté les Russes à se «rendre au bureau de vote le même jour et à la même heure», au troisième et dernier jour de l’élection présidentielle, le 17 mars à midi. C’est l’action «Midi contre Poutine».

Contre l’occupant du Kremlin, Ioulia Navalnaïa a invité ses compatriotes à «voter pour n’importe quel candidat, sauf Poutine», à «abîmer votre bulletin de vote», à y «écrire «Navalny» en grosses lettres». Ou même à «simplement venir et rester devant le bureau de vote, puis faire demi-tour et rentrer chez vous». Après la queue de près de deux kilomètres de milliers de personnes endeuillées pour les funérailles d’Alexeï Navalny la semaine dernière à Moscou, les bureaux de vote verront-ils affluer des files de sympathisants au vote nul, au vote barrage, au vote inexistant ? Contre cette «mascarade» qu’est l’élection présidentielle – sans candidats d’opposition, Vladimir Poutine devrait sans surprise prolonger son règne – Ioulia Navalnaïa propose une alternative «simple et sûre», qui permet d’échapper à la répression implacable des autorités, comme de coutume en Russie pour les manifestations. Le vendredi 1er mars, jour des funérailles d’Alexeï Navalny, «au moins 128 arrestations» dans 19 villes avaient été dénombrées par l’ONG OVD-Info.

Début février, le charismatique opposant et bête noire du Kremlin avait soutenu cette campagne depuis sa colonie pénitentiaire de l’Arctique, après une première proposition de son homologue en exil Maxim Reznik, raconte le média russe indépendant Novaïa Gazeta. «Il s’agira d’une manifestation nationale contre Poutine qui se déroulera près de chez vous», avait écrit Navalny sur sa chaîne Telegram. «Nous pouvons venir voir et constater que nous sommes nombreux et forts» contre «la guerre [en Ukraine, ndlr], la corruption et le non-droit», lui a fait écho ce mercredi Ioulia Navalnaïa. Plus encore : la dissidente, qui a décidé de reprendre le flambeau, a appelé les partisans d’une Russie libre à se donner le mot, en persuadant au moins une autre personne de leur entourage de participer à cette action. «A côté de vous, il y a probablement beaucoup de personnes qui sont contre Poutine et contre la guerre, dit-elle. Et si nous venons en même temps, notre voix contre Poutine résonnera beaucoup plus fort.»