Tremblement de terre judiciaire dans le nord-ouest de l’Italie. Ce mardi 7 mai, le président de la région italienne de Ligurie, Giovanni Toti, et l’ancien directeur du port de Gênes, Paolo Emilio Signorini, ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête pour corruption impliquant d’autres figures locales. Certaines sont soupçonnées de liens avec la mafia.
Ex-eurodéputé de droite proche du milliardaire et ancien chef de gouvernement Silvio Berlusconi, Giovanni Toti a été assigné à résidence, a précisé dans un communiqué le parquet de Gênes, chef-lieu de cette région frontalière avec la France. Il est soupçonné d’avoir perçu, pour financer ses activités politiques, 74 100 euros entre décembre 2021 et mars 2023 de la part de deux entrepreneurs dans le secteur de la logistique et de l’immobilier. En contrepartie, le président de la région aurait promis de favoriser les activités économiques de ces deux hommes d’affaires, Aldo Spinelli et son fils Roberto. Il aurait ainsi pris l’engagement de «trouver une solution» pour transformer une plage publique en plage privée en leur faveur, de faciliter un dossier immobilier ou «d’accélérer et approuver le renouvellement pour trente ans» d’une concession portuaire au bénéfice d’une entreprise contrôlée à 55 % par la famille Spinelli.
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Giovanni Toti, 55 ans, a fait l’essentiel de sa carrière politique au sein de Forza Italia, le parti fondé par Silvio Berlusconi qui l’avait nommé conseiller politique de son mouvement et avec lequel il a été élu député au Parlement européen en 2014. En 2015, soutenu par toute la droite, il avait remporté l’élection à la présidence de la Ligurie. Il avait été réélu en 2020. Toti «est serein et convaincu de pouvoir tout expliquer», a annoncé son avocat, Stefano Salvi, cité par les médias, excluant sa démission. «Ce sont tous des faits que nous pouvons expliquer» car ils font partie des activités «légitimes» d’un président de région, a-t-il ajouté alors que Giovanni Toti s’est rendu dans une caserne de la police financière.
Nuits d’hôtel à Monte-Carlo et articles de luxe au cœur de la corruption
Au total, dix personnes sont visées par cette enquête, dont Paolo Emilio Signorini, président jusqu’en août 2023 de l’Autorité portuaire de Gênes, l’un des principaux ports italiens. Signorini, actuellement PDG d’Iren, entreprise active dans l’énergie et le traitement des eaux, est notamment accusé d’avoir favorisé les affaires du même Aldo Spinelli. Des faveurs en contrepartie d’importantes sommes d’argent, de «22 séjours de luxe à Monte-Carlo […] pour un total de 42 nuits», d’un sac à main Chanel, d’un bracelet en or de la marque Cartier, ou encore d’une place pour la finale du tournoi international de tennis Rolex Monte-Carlo Masters, détaille le média italien La Repubblica. Ces séjours à Monte-Carlo comprenaient également la possibilité de jouer au casino ainsi que «des services comme massages et traitements esthétiques». On lui avait aussi promis un emploi rémunéré 300 000 euros par an à la fin de son mandat.
Sa société Iren a immédiatement réagi, en annonçant dans un communiqué une réunion extraordinaire de son conseil d’administration dans l’après-midi afin d’attribuer temporairement les pouvoirs de Paolo Emilio Signorini à d’autres responsables.
Matteo Cozzani, chef de cabinet de Giovanni Toti et son directeur de campagne en 2020, est lui aussi assigné à résidence. Mis en cause pour «corruption électorale aggravée», il est soupçonné d’avoir «favorisé l’activité de […] Cosa Nostra», la mafia sicilienne, en cherchant à acheter le vote de quelque 400 résidents de Gênes originaires de Sicile en échange d’emplois et de logements.