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«Je n’avais emporté qu’une soutane, une croix et ma foi» : un prêtre ukrainien raconte la torture qu’il a subie dans les geôles russes

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Recteur de la cathédrale de la Sainte-Trinité d’Odessa, Vasyl Vyrozub a subi tortures, violences sexuelles et humiliations dans une prison russe en 2022. Trois ans après sa libération, il revient sur sa captivité dans un témoignage exceptionnel.
Le père Vasyl Vyrozub, âgé de 54 ans, lundi 5 mai à la cathédrale de la Sainte-Trinité d'Odessa. (Igor Ishchuk/Libération)
par Kristina Berdynskykh, envoyée spéciale à Odessa
publié le 9 mai 2025 à 17h42

Les murs de la petite pièce, située dans un sous-sol froid, sont entièrement recouverts de caoutchouc. Elle n’a ni fenêtre ni système de ventilation. Le sol est recouvert d’urine et d’excréments. L’odeur insupportable provoque rapidement des vomissements. «Au début, tu restes debout pendant des heures, en essayant de réchauffer avec tes pieds le seul endroit sec», raconte Vasyl Vyrozub, prêtre orthodoxe ukrainien qui a été détenu dans ce sous-sol du centre de détention provisoire numéro 2, à Stary Oskol, dans la région de Belgorod, en Russie. Pendant trois jours, du 30 mars au 2 avril 2022, entièrement nu, sans eau ni nourriture. «Le deuxième jour, tu essaies de te mettre à genoux, tu t’endors, tu perds connaissance et tu tombes dans ton urine. Et puis on t’emmène pour te torturer.»

Cheveux gris, coupe soignée, Vasyl Vyrozub, 54 ans, est le recteur de la cathédrale de la Sainte-Trinité à Odessa, dans le sud de l’Ukraine. Il y a trois ans, il a passé soixante-huit jours en captivité en Russie. Debout dans son église, au milieu des icônes, il raconte, sans omettre les détails les plus cruels, les cellules et les salles de torture de Stary Oskol. «A un moment donné, j’ai pensé que c’était la fin. Que je ne supporterais plus ces tortures», avoue père Vasyl. Autrefois, il avait les cheveux longs, qu’il attachait en queue-de-cheval, mais ils lui ont été coupés en prison : «En captivité, on m’a dit : “Tu n’as plus de nom, plus de prénom, et ton Dieu n’