En janvier, Viktoria a décollé de Saint-Pétersbourg, direction la Turquie puis l’Egypte. Quelques longues semaines de vacances avant le retour à la vie normale, le travail, les amis. «Je n’avais rien prévu de plus, mais avec le début de la guerre [le 24 février, ndlr], j’ai compris que je ne rentrerais pas en Russie, pas tant que Poutine sera président.» Viktoria ne montera pas dans son vol retour. Elle va s’installer en Turquie, sans savoir où, ni pour quoi faire. «Une amie devrait me rejoindre dès qu’elle aura réussi à louer l’appartement dans lequel elle vit pour le moment», précise-t-elle.
Le nombre de Russes qui quittent leur pays avec une grosse valise et par le premier vol, est difficile à estimer. Mais entre l’invasion de l’Ukraine, l’entrée en vigueur des sanctions, la chute du rouble, la fermeture des derniers médias encore indépendants et la rumeur de l’instauration de la loi martiale, les motifs pour partir se sont multipliés. Dans certains cercles – jeunes, éduqués, sensibles aux idées de l’opposition –, les messages «tu es encore là ?» précèdent toute discussion. L’avenir est miné et les échappatoires se réduisent. «Tous mes amis pensent à partir», dit Julia, traductr