C’est une défection qui fait parler d’elle. Le 2 mars, Igor Volobuev, vice-président de Gazprombank – la banque détenue par l’entreprise énergétique russe Gazprom – a choisi de quitter la Russie. Ce départ, moins d’une semaine après le début de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, aurait pu laisser penser à une fuite. Il n’en est visiblement rien. Volobuev a en réalité rejoint l’Ukraine pour se battre auprès des forces volontaires de défense du territoire. Dans une interview accordée au média d’investigation russe The Insider et au site ukrainien Liga, publiée mardi, il revient sur les raisons de son départ. «Je ne pouvais plus être en Russie. Je suis de nationalité ukrainienne, je suis né à Akhtyrka [à l’est de l’Ukraine, ndlr], je ne pouvais plus observer de l’extérieur ce que la Russie fait de ma patrie», explique-t-il.
Magnats
Igor Volobuev n’est pas le premier haut dirigeant russe à quitter le pays. En mars, Andrey Panov, le directeur général adjoint d’Aeroflot, la compagnie aérienne nationale russe, fait défection et trouve refuge en Israël. Même histoire pour Lev Khasis, membre du conseil d’administration de la Sberbank, une importante banque russe, qui a fui aux Etats-Unis en avril, rapporte le Moscow Times. Les cas de défection ou d’opposition assumée à la guerre en Ukraine restent tout de même rares chez les dirigeants et oligarques russes.
«Un suicide mis en scène»
Outre son propre sort, Volobuev est également revenu dans cet entretien sur la vague de suicides qui touche les oligarques russes depuis plusieurs semaines. Selon les informations compilées par le magazine américain Newsweek publiées le 22 avril, six hommes d’affaires russes influents, pour la majorité spécialisés dans le secteur de l’énergie, ont été retrouvés morts ces dernières semaines, dans des circonstances pour la plupart floues et intrigantes.
Dans cette liste de décès, on retrouve d’autres hauts dirigeants de groupes gaziers comme Vladislav Avayev, ancien vice-président de Gazprombank retrouvé mort près de sa femme et de sa fille criblées de balles, ou Sergey Protosenya, ancien directeur général du géant russe gazier Novatek, découvert pendu, là encore près des corps de sa femme et sa fille.
Récit
«C’est un suicide mis en scène. Je pense qu’il a été tué», dit Volobuev de Vladislav Avayev, son ancien collègue au sein de la banque du géant gazier, qu’il précise toutefois n’avoir jamais connu personnellement. Avant sa fuite, lui assure ne s’être jamais senti en danger en Russie : «Il n’y avait aucune menace pour ma vie, j’avais même une situation matérielle très stable.» Aujourd’hui installé à Kyiv, il assure vouloir se racheter de toutes ces années à travailler chez Gazprombank. «J’ai honte [des crimes commis par l’armée russe en Ukraine]. Je m’en repentirai toute ma vie. Je veux me laver de mon passé russe.» Les armes à la main ? Il réfléchit à s’engager au sein des forces armées ukrainiennes.