Nouveau rebondissement dans le feuilleton Julian Assange. La Haute Cour de Londres a autorisé, ce lundi, le fondateur de WikiLeaks à contester devant la Cour suprême britannique une décision de justice autorisant son extradition vers les Etats-Unis. En décembre, cette cour avait annulé en appel le refus d’extrader l’Australien de 50 ans vers les Etats-Unis, où il risque une lourde peine d’emprisonnement pour la diffusion, à partir de 2010, de documents classifiés.
Les États-Unis reprochent à Julian Assange d’avoir diffusé plus de 700 000 documents sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Poursuivi notamment pour espionnage, il risque jusqu’à 175 ans de prison dans une affaire qui représente, selon ses soutiens, une attaque gravissime contre la liberté de la presse.
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La justice britannique avait initialement tranché en sa faveur il y a un an, lorsque la juge Vanessa Baraitser s’était opposée à la remise aux autorités américaines de Julian Assange, invoquant le risque de suicide. Mais Washington a remporté une victoire majeure en décembre, lorsque les hauts magistrats britanniques ont annulé cette décision, estimant que les États-Unis avaient fourni des assurances répondant aux inquiétudes de la juge. Les avocats d’Assange avaient alors déposé une demande d’appel devant la Cour Suprême.
Concessions américaines
Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Londres depuis deux ans et demi, Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l’ambassade londonienne de l’Equateur où il s’était réfugié alors qu’il était en liberté sous caution. Il craignait alors une extradition vers les États-Unis, ou la Suède où il faisait l’objet de poursuites pour viol depuis abandonnées.
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Lors de l’audience en appel au sujet de son extradition fin octobre, les États-Unis ont cherché à rassurer sur le traitement qui serait réservé au fondateur de WikiLeaks. Washington a assuré qu’il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado), surnommée l’«Alcatraz des Rocheuses» - où sont notamment détenus à l’isolement la quasi-totalité des membres d’Al-Qaïda - et qu’il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires. Ils ont évoqué aussi la possibilité qu’il puisse demander à purger sa peine en Australie. Des garanties qui ont convaincu les juges britanniques, mais pas la fiancée d’Assange, Stella Morris, craignant pour sa santé s’il est extradé vers un pays qui a selon elle «comploté pour tuer Julian à cause de ce qu’il a publié».
Stella Morris, avec laquelle Julian Assange a eu deux enfants lorsqu’il était reclus à l’ambassade d’Equateur, était présente lundi matin à la Haute Cour de Londres, où elle doit donner une conférence de presse à la suite de la décision du tribunal. L’Australien a reçu le soutien d’une quarantaine de députés français de tous bords qui ont plaidé pour qu’il puisse bénéficier de l’asile politique en France.