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Interview

Kaja Kallas, Première ministre de l’Estonie : «Sans l’UE, nos conditions de vie ne seraient pas les mêmes»

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La cheffe du gouvernement estonien rappelle les bénéfices que tire son pays de l’appartenance à l’Union, et prévient que les réformes que l’Ukraine devra mettre en œuvre pour rejoindre le club seront difficiles.
La Première ministre estonienne Kaja Kallas et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en visite à Tallinn le 11 janvier. Le mot «Kaitsetahe» signifie «volonté de défendre». (Kiur Kaasik/Delfi Meedia)
par Hermann Kelomees, journaliste au média en ligne estonien «Delfi»
publié le 29 février 2024 à 13h03

Alors que la guerre en Ukraine a relancé les discussions sur l’élargissement, la Première ministre estonienne Kaja Kallas, interviewée par Hermann Kelomees, journaliste du média estonien Delfi, rappelle que certaines des réformes que Kyiv devra mettre en œuvre pour rejoindre l’UE seront impopulaires dans le pays.

Où en serait l’Estonie aujourd’hui si nous n’avions pas eu l’opportunité ou la volonté de rejoindre l’UE ?

Nous serions dans une situation très différente. D’abord, nos conditions de vie ne seraient pas les mêmes. Le montant de nos retraites est 65 fois plus élevé et celui de nos salaires 35 fois plus élevé que dans les années 90. Ensuite, il y a la question de la sécurité. L’adhésion à l’UE produit cet effet : en devenant membre de ce club, on n’est plus seul. On rencontre si souvent les autres chefs de gouvernement qu’ils deviennent nos amis.

Quelles craintes les dirigeants de l’UE expriment-ils au sujet de l’adhésion de l’Ukraine ou des pays des Balkans occidentaux ?

Il y a des années, j’ai discuté avec celui qui deviendrait plus tard Premier ministre du Portugal, António Costa. Il se rappelait que lorsque l’adhésion de son pays était à l’ordre du jour, [les Etats membres] avaient peur du «plombier portugais». Quand nous avons rejoint l’UE [en 2004, en même te