Peu à peu, la guerre s’infiltre dans les interstices de la ville de Kiev. Il y a d’abord eu le son. Celui, aigu, des sirènes d’alarme ; celui, sourd, des explosions de missiles ; celui, cristallin, des vitres brisées. Le silence angoissé, aussi, des rues désertées de certains quartiers de la capitale ukrainienne. Vendredi matin, les habitants de la lointaine banlieue de Kiev ont entendu le tir d’armes automatiques. Des combats ont été signalés à Hostomel, Vorzel et Bucha, des zones résidentielles situées à une dizaine de kilomètres au nord-ouest du centre-ville. La bataille la plus intense semble s’être déroulée dans le nord, à Obolon, l’un des plus grands quartiers de la capitale.
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Le ministre ukrainien de la Défense a prévenu les habitants : «Les Russes sont à Obolon. Nous demandons aux citoyens de nous informer des mouvements ennemis, faites des cocktails Molotov, neutralisez les occupants.» Un témoin a notamment décrit à Libération comment un groupe de six à huit soldats russes sont arrivés «dans le secteur de la rue Zoe-Gaidai» à bord de camions subtilisés à l’armée ukrainienne. Selon son récit, la garde nationale ukrainienne, familière des lieux, aurait attiré les combattants russes dans un piège pour les encercler, avant d’ouvrir le feu. «Des combats ont eu lieu à Kiev toute la journée, mais les saboteurs russes qui s’étaient infiltrés ont déjà été éliminés. L’armée ukrainienne entre maintenant dans la ville avec des équipements lourds pour proté