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Reportage

Kosovo : la périlleuse tectonique des plaques d’immatriculation de Mitrovica

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La directive prévoyant le remplacement des plaques serbes, refusé par les habitants du nord du Kosovo, a fait monter la tension entre Pristina et Belgrade. En protestation, des centaines d’employés et responsables serbes ont démissionné des institutions kosovares, et notamment de la police.
Dans un village a majorité serbe du Nord du Kosovo. (Vladimir Zivojinovic/ Inland/Libération)
publié le 17 novembre 2022 à 20h55

A chaque épisode de tensions entre la Serbie et le Kosovo, les rues de Mitrovica-Nord se pavoisent d’une multitude de drapeaux serbes. Cette ville de 30 000 habitants est peuplée en majorité de Serbes orthodoxes, dans un pays, le Kosovo, où 90% de la population est albanaise et musulmane. Ces jours-ci, des centaines de fanions rouge bleu blanc ont été distribués à tous les commerçants et habitants qui les étendent avec plus ou moins de détermination, ici sur tout le long d’un balcon, là presque caché sur l’épaule d’un mannequin en vitrine.

«Ce n’est pas une crise habituelle, c’est beaucoup plus profond», alerte Milica Andric Rakic. La trentenaire, cheffe de projet pour l’ONG New Social Initiative, qui œuvre pour l’amélioration des relations interethniques et du processus démocratique, a le visage creusé par la fatigue. Pristina exige des automobilistes qu’ils remplacent leurs plaques d’immatriculation serbes par celles de la République du Kosovo et, au terme d’un énième désaccord sur la question, les Serbes ont annoncé leur retrait des institutions kosovares, le 5 novembre. «Dix ans de dialogue et d’intégration des Serbes dans le système kosovar viennent d’être réduits à néant», déplore-t-elle.

Stickers blancs

Pourtant, les habitants de Mitrovica sont habitués aux mon