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Conflit

Kyiv poursuit son incursion en Russie avec des attaques «massives» de drones pour faire «ressentir» les effets de la guerre

L’armée ukrainienne poursuit ce vendredi 9 août son incursion dans la région russe de Koursk et a lancé dans la nuit des attaques «massives» de drones sur plusieurs autres régions. A Lipetsk, distante de près de 300 km de la frontière, un incendie s’est déclaré sur une base militaire.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky devant un avion F-16, le dimanche 4 août. (Efrem Lukatsky/AP)
publié le 9 août 2024 à 8h56

Plus de mille soldats, une dizaine de chars et une vingtaine de blindés : l’offensive lancée mardi par l’armée ukrainienne se poursuit ce vendredi 9 août dans la région russe de Koursk. La police ukrainienne a ainsi réclamé l’évacuation «d’environ 20 000 personnes» de la région de Soumy, située dans le nord de l’Ukraine et frontalière de la région russe de Koursk, actuellement visée par une incursion. Sur Telegram, la police précise que ces évacuations sont nécessaires dans 28 localités en raison du «feu ennemi» sur ces zones, assurant que les secours et les services locaux participaient aux opérations.

Dans la nuit, plusieurs autres régions de Russie, dont celle de Lipetsk, distante de près de 300 km de la frontière, ont ainsi enregistré des attaques «massives» de drones. Un incendie s’est par ailleurs déclaré sur une base militaire de cette localité, incitant le gouverneur régional Igor Artamonov à décréter l’état d’urgence. L’attaque a selon lui fait au moins six blessés et endommagé une centrale électrique.

«Un incendie majeur»

Après avoir dans un premier temps invité ses administrés à ignorer les appels à quitter Lipetsk sur les réseaux sociaux en affirmant qu’ils étaient «diffusés par l’ennemi pour semer la panique», Igor Artamonov a finalement ordonné l’évacuation de quatre villages des environs. Les agences Tass et Ria Novosti, citant les autorités régionales, ont pour leur part rapporté qu’un incendie s’était déclaré sur une base aérienne militaire de la région de Lipetsk, sans en préciser la cause.

L’armée ukrainienne a confirmé ce vendredi matin avoir frappé «avec succès» cette base aérienne militaire. «Pendant l’attaque, des dépôts avec des bombes aériennes guidées et d’autres installations dans la zone de la base aérienne ont été touchés. […] Un incendie majeur s’est déclaré et plusieurs détonations ont été signalées», a annoncé l’état-major ukrainien dans un compte rendu.

Selon le ministère de la Défense de Moscou, les forces russes ont abattu dans la nuit un total de 75 drones ukrainiens : 26 dans la région de Belgorod, 19 dans celle de Lipetsk, sept dans celle de Koursk, cinq dans celle de Briansk, quatre dans celle de Voronej, un dans celle d’Orel, cinq dans la péninsule de Crimée annexée par Moscou en 2014, et huit au-dessus de la mer Noire. «En outre, sept bateaux sans pilote se dirigeant vers la péninsule de Crimée ont été détruits» en mer Noire, a ajouté le ministère dans un communiqué.

«Ressentir» les effets de la guerre

«La Russie a apporté la guerre à notre pays et devrait en ressentir» les effets, avait lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution de jeudi soir, sans pour autant mentionner directement cette incursion. Son conseiller Mykhaïlo Podoliak avait lui aussi affirmé que cette offensive surprise était une conséquence de «l’agression» russe en Ukraine, sans pour autant l’attribuer clairement aux forces de Kyiv. «Désormais, une grande partie de la communauté internationale considère la Russie comme une cible légitime pour les opérations de n’importe quel type et avec n’importe quelle arme», avait-il ajouté, alors que de nombreux pays occidentaux ont interdit à l’Ukraine d’utiliser les armes qu’ils lui fournissent pour frapper le territoire russe.

Les Etats-Unis, principal soutien de Kyiv, ont répété jeudi «soutenir fermement les efforts de l’Ukraine pour se défendre contre l’agression russe», sans commenter les détails de la situation. La veille, Washington avait indiqué avoir interrogé les autorités ukrainiennes pour comprendre les «objectifs» de cette incursion d’une ampleur sans précédent.

«L’opération de destruction des formations de l’armée ukrainienne se poursuit», avait réagi de son côté jeudi le ministère russe de la Défense, assurant les empêcher de «pénétrer profondément» dans la région. Il a publié des vidéos filmées par des drones et montrant, selon lui, la destruction de soldats et véhicules ukrainiens dans la région de Koursk. Si la communication officielle russe se veut rassurante – le ministère de la Défense assure vendredi «mettre en échec» les attaques ukrainiennes –, le tableau dressé par des experts militaires est plus alarmiste pour la Russie.

Selon l’Institut pour l’étude de la guerre, un centre de recherche basé aux Etats-Unis, les troupes ukrainiennes ont pénétré jusqu’à 35 km à l’intérieur du territoire russe. Mercredi, Vladimir Poutine était apparu visiblement en colère à la télévision russe, dénonçant une «provocation à grande échelle» de l’Ukraine et l’accusant de frapper aveuglément des bâtiments civils.

Mise à jour à 12 h 20 avec l’évacuation de 20 000 personnes ordonnée par la police ukrainienne à la frontière.