Le géant de l’audiovisuel est à nouveau dans la tourmente. La chaîne britannique a annoncé mardi 3 décembre avoir partiellement déprogrammé sa très populaire émission MasterChef après la parution d’une enquête de la BBC News le 28 novembre révélant des accusations de harcèlement et d’agression sexuelle contre l’un de ses présentateurs, Gregg Wallace. L’homme de 60 ans aurait proféré de nombreuses remarques et plaisanteries «inappropriées» à connotation sexuelle et touché plusieurs femmes. 13 personnes ont témoigné auprès du média britannique et leurs allégations concernent cinq émissions diffusées entre 2005 et 2022.

Deux épisodes du programme spécial de Noël, Celebrity MasterChef Christmas Cook dans lesquels le présentateur apparaît ont été déprogrammés. En revanche, la saison enregistrée de MasterChef : The Professionals animée par Gregg Wallace continuera à être diffusée. De son côté, la société de production à l’origine de l’émission, Banijay UK, a annoncé jeudi dernier qu’elle enquêtait sur les faits rapportés et que le présentateur n’animerait plus l’émission pendant la durée de l’investigation.

Une plaignante raconte que Gregg Wallace aurait appuyé son entrejambe contre elle durant l’émission BBC Eat Well For Less en 2015. Il aurait ensuite ri et se serait exclamé : «Oh, ça t’a plu, n’est-ce pas !». Le présentateur est également accusé d’avoir exhibé «la partie supérieure de son pénis» devant une autre femme, technicienne sur un tournage en 2015. Elle avait été appelée dans sa loge pour réparer son nœud papillon et confie avoir vu son pantalon baissé tandis qu’il la regardait fixement. Une troisième raconte l’avoir croisé en 2022, dans un ascenseur, où il l’aurait alors prise dans ses bras. «En faisant cela, il a posé sa main sur mes fesses et m’a pelotée. Je me suis sentie dégoûtée, c’était horrible», a-t-elle livré.

La journaliste et ex-présentatrice de la BBC Kirsty Wark révèle également que l’animateur aurait fait des blagues «à caractère sexuel» pendant le tournage de Celebrity MasterChef survenu en 2011, ce qui aurait mis les gens «mal à l’aise». Une employée raconte également qu’il lui aurait réclamé des massages et l’aurait questionnée sur sa vie sexuelle, entre autres nombreux témoignages.

L’intéressé a présenté lundi ses excuses pour «toute faute» dont il aurait pu être à l’origine. La veille, il avait suscité des réactions indignées en déclarant sur sa page Instagram que ses accusatrices étaient «une poignée de femmes de la classe moyenne d’un certain âge». Il a finalement retiré sa publication. Auprès de la BBC News, ses avocats ont assuré qu’«il est totalement faux qu’il se livre à un comportement de nature sexuellement harcelante.»

«Nous avons toujours clairement indiqué que tout comportement qui ne répond pas aux normes attendues par la BBC ne sera pas toléré», a soutenu un porte-parole du groupe britannique. L’enquête révèle toutefois que la chaîne avait déjà reçu les plaintes de deux femmes en 2018 qui accusaient l’intéressé d’avoir fait des blagues à caractère sexuel qui les mettaient mal à l’aise.

Suite à cela, le présentateur avait été averti et s’était excusé. La chaîne s’était également entretenue avec lui pour «éviter qu’une telle situation ne se reproduise et pour protéger d’autres personnes à l’avenir», avait-elle déclaré. Signe du caractère sensible de l’affaire, le gouvernement britannique a indiqué lundi que la ministre de la Culture Lisa Nandy avait échangé avec des responsables du groupe public.

Cette affaire est un nouveau coup dur pour le géant audiovisuel, déjà mis en cause pour sa gestion de plusieurs affaires impliquant notamment des agressions sexuelles. En premier lieu, l’affaire Jimmy Savile, qui a éclaté en 2012 un an après la mort de cet animateur star, auteur de viols et de nombreuses agressions sexuelles à l’encontre de mineurs pendant des décennies.

Ou encore l’affaire Huw Edwards, ex-présentateur star, condamné mi-septembre pour détention d’images pédopornographiques. En début d’année, la très populaire émission Strictly Come Dancing avait aussi fait la une des journaux après des accusations de harcèlement moral.