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Spécial Allemagne

La chancelière Merkel, un homme comme les autres conservateurs ?

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Elections en Allemagnedossier
Ephémère ministre des femmes dans les années 90, la première chancelière d’Allemagne est un modèle pour toute une génération. Mais elle a toujours manifesté face à ces questions un mélange de pragmatisme et de relatif désintérêt. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle assume son féminisme.
Le 8 mars à Leipzig, lors de la Journée internationale des femmes, le maintien de l'article de loi 218/9a, qui interdit la «publicité» de l'avortement, est vilipendé. (Sebastian Willnow/picture-alliance/dpa)
publié le 20 septembre 2021 à 21h27
(mis à jour le 22 septembre 2021 à 18h31)

Décembre 2018, salle des congrès de Hambourg. Angela Merkel parle devant 1 001 délégués de son parti. Après dix-huit ans à la tête de la CDU, c’est son dernier discours en tant que présidente. Crépuscule d’une icône : ce discours est aussi celui d’une chancelière en partance. Le ton est pastoral, Merkel défend avec emphase son bilan et surtout, ses valeurs chrétiennes-démocrates. Dans la salle surchauffée, l’émotion est palpable. Alors que la chancelière scande «Nous, les chrétiens-démocrates, nous ne faisons aucune différence dans la dignité des hommes. Nous ne dressons pas les uns contre les autres», manière de distinguer la droite conservatrice qu’elle incarne des outrances xénophobes de l’AfD, une forêt de pancartes se dresse dans la salle. «Danke Chefin». «Merci cheffe», disent les écriteaux, et c’est les yeux troubles qu’Angela Merkel clôt ce discours historique, soutenue par une standing ovation de dix minutes.

«Chefin.» Les surnoms d’Angela Merkel en disent long. Sur elle, ses adversaires, sur le sexisme qu’elle a subi. Dans les années 90, à ses débuts, elle était Kohls Mädchen, la fillette de Kohl : sous tutelle, donc. Elle sut ensuite tuer le père pour prendre le contrôle de la CDU, en 2000. Dans les années 2010, elle se transforme en Mutti, figure maternelle et enveloppante. Habile renversement du stigmate : elle fait de ce terme, utilisé initialement par ses détracteurs pour la disqualifier, une signature, elle est «la