Djankoï n’a certainement jamais vécu une telle effervescence. Cette ville de 30 000 habitants du nord de la Crimée, située à une quarantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, est constituée d’un hub ferroviaire, d’un aérodrome de l’armée russe et représente un point clé du canal de Crimée, qui relie le Dniepr aux centaines de champs du nord et du centre de la péninsule. La cité est stratégique et c’est palpable. Dans toutes les supérettes, des soldats viennent acheter leurs cigarettes et les camions de ravitaillement en carburant déboulent toutes les vingt secondes dans l’avenue principale, de retour ou en direction du front ukrainien.
Igor Valentinovitch est directeur de l’internat de la ville. Depuis le début de l’opération militaire, son centre accueille les réfugiés d’Ukraine fraîchement sortis des zones de guerre par l’armée russe. Sur son bureau, il a placé un drapeau de Russie unie, le parti du pouvoir, et une tasse «ministre de ce qu’il reste». «Aux premiers jours de la guerre, plus de 400 personnes ont été amenées ici, aujourd’hui c’est plus calme. Ils se reposent quelques jours puis ils sont envoyés dans les régions russes. Certains décident de rester en Crimée, ils ne s’attendaient pas à un tel accueil. C’est pourtant normal, nous ne sommes qu’une