«L’antisémitisme n’est pas un problème juif, c’est notre problème», écrivait en 1947 Jean-Paul Sartre, qui deviendra un quart de siècle plus tard le fondateur de Libération. La gauche, qui s’est longtemps profondément divisée sur la question, y compris au moment de l’affaire Dreyfus et, plus tard, dans l’entre-deux-guerres – contrairement à une légende tenace qui voudrait qu’elle soit réservée à la droite catholique et à l’extrême droite – l’a compris et a banni sans pitié tout antisémitisme dans ses rangs au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Celui-ci a certes perduré, mais seulement dans une fraction marginale de l’extrême gauche et sous deux formes : la critique virulente d’Israël, qui bascule parfois dans les clichés antisémites, et le négationnisme de la Shoah, comme le rappelle l’historien Michel Dreyfus (L’antisémitisme à gauche : histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours, 2011, La Découverte).
L’antisémitisme est progressivement sorti des marges où il était cantonné depuis soixante-quinze ans pour nombre de raisons. L’une d’elles est le clientélisme électoral du leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui l’a poussé à entériner le choix stratégique de jouer les «quartiers» comme d’ailleurs s’en plaignait François Ruffin, chassé depuis du mouvement.
Le pogrom du 7 Octobre, à propo