Menu
Libération
Billet

La dernière tentation antisémite de la gauche

Article réservé aux abonnés
Les actes antisémites ont augmenté de 192% en un an, selon la Direction nationale du renseignement territorial. La gauche doit aussi combattre l’antisémitisme qui s’est dissimulé sous le drapeau de l’antisionisme.
Un drapeau israélien lors de la cérémonie de commémoration du massacre du 7 octobre en Israël par le Hamas. Paris, 6 octobre 2024. (Photo by Quentin de Groeve / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP) (Quentin de Groeve/Hans Lucas via AFP)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 17 octobre 2024 à 11h43

«L’antisémitisme n’est pas un problème juif, c’est notre problème», écrivait en 1947 Jean-Paul Sartre, qui deviendra un quart de siècle plus tard le fondateur de Libération. La gauche, qui s’est longtemps profondément divisée sur la question, y compris au moment de l’affaire Dreyfus et, plus tard, dans l’entre-deux-guerres – contrairement à une légende tenace qui voudrait qu’elle soit réservée à la droite catholique et à l’extrême droite – l’a compris et a banni sans pitié tout antisémitisme dans ses rangs au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Celui-ci a certes perduré, mais seulement dans une fraction marginale de l’extrême gauche et sous deux formes : la critique virulente d’Israël, qui bascule parfois dans les clichés antisémites, et le négationnisme de la Shoah, comme le rappelle l’historien Michel Dreyfus (L’antisémitisme à gauche : histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours, 2011, La Découverte).

L’antisémitisme est progressivement sorti des marges où il était cantonné depuis soixante-quinze ans pour nombre de raisons. L’une d’elles est le clientélisme électoral du leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui l’a poussé à entériner le choix stratégique de jouer les «quartiers» comme d’ailleurs s’en plaignait François Ruffin, chassé depuis du mouvement.

Le pogrom du 7 Octobre, à propo