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Diplomatie

La France condamne le blocage par le Kremlin de la diffusion de 81 médias européens

Paris déplore la décision de Moscou d’interdire la diffusion de médias européens, en représailles à l’interdiction par l’UE de quatre médias d’Etat russes pro-Kremlin.
Vladimir Poutine préside une réunion sur le développement de l'industrie navale russe à des fins de défense nationale, le 26 juin 2024. (Vyacheslav Prokofyev/AP)
par Louise Moussu et AFP
publié le 27 juin 2024 à 13h14

Le gouvernement français a fermement condamné jeudi «la décision prise mardi par la Russie d’interdire la diffusion de plusieurs dizaines de médias européens» sur son sol. Paris déplore «la politique de violation de la liberté de la presse et d’intimidation des journalistes œuvrant au service d’une information indépendante», dans un communiqué publié jeudi par le ministère des Affaires étrangères.

Parmi les médias ciblés par la censure, issus de 25 pays de l’Union européenne, on trouve notamment le site de l’Agence France-Presse, les journaux français Libération, La Croix et Le Monde, le média allemand Der Spiegel, espagnol El Pais, ou encore la télévision italienne Rai. Cette décision est portée par Moscou en représailles à l’accord des États européens, mi-mai, d’interdire quatre médias d’État russes – Voice of Europe, Ria Novosti, Izvestia et Rossiïskaïa Gazeta –, sanctionnés car ils diffuseraient selon Bruxelles de la propagande pro-Kremlin.

La France conteste fermement l’«équivalence» suggérée par les sanctions du Kremlin «entre des organes de diffusion de la désinformation et de la propagande d’Etat, [et] des médias indépendants». Par ailleurs, Paris, tout comme Rome mardi, prévient que «cette décision injustifiée ne permettra pas de dissimuler la réalité de la guerre d’agression russe illégale en Ukraine».

«Fausses informations»

Mardi, dans son communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères avait déclaré qu’il interdisait «l’accès depuis le territoire de la Fédération de Russie aux ressources de radiodiffusion d’un certain nombre de médias des Etats membres de l’UE […] diffusant systématiquement de fausses informations sur le déroulement de l’opération militaire spéciale», selon la terminologie officielle en vigueur pour parler de la guerre en Ukraine.

Ces dernières années, la Russie a déjà bloqué l’accès à de nombreux sites et réseaux sociaux occidentaux, dont Facebook, Instagram et X. Ces ressources restent accessibles en utilisant un VPN. Par ailleurs, les médias russes qui critiquent le pouvoir ou l’offensive en Ukraine ont été visés par des procédures judiciaires ou interdits, et de nombreux médias indépendants ont fermé leurs portes tandis que leurs journalistes se sont exilés à l’étranger. De lourdes peines de prison ont été instaurées pour les personnes qui diffusent ce qui est considéré par les autorités comme étant de «fausses informations» sur les forces armées. Des journalistes occidentaux ont aussi été visés par la justice russe. Le procès pour espionnage du reporter américain Evan Gershkovich du Wall Street Journal s’est ainsi ouvert mercredi à Ekaterinbourg, dans l’Oural.