Le visage de Ratko Mladic s’étale en noir et blanc sur 2 mètres de haut et 4 de large. Cette fresque à la gloire du «boucher des Balkans», condamné à perpétuité pour «génocide», «crimes contre l’humanité» et «crimes de guerre», est apparue le 23 juillet sur un mur d’un quartier commerçant de Belgrade. Quand Libération s’y rend, début novembre, elle est barbouillée d’un graffiti rose. Un homme, la trentaine, se signe par respect en passant devant l’ancien général. Des activistes antifascistes ont prévu de détruire la fresque quelques jours plus tard, le 9 novembre. Ils en seront empêchés : la police interdit le rassemblement au prétexte qu’elle ne peut en garantir la sécurité. Cette excuse mène à une scène surréaliste pour un pays candidat à l’Union européenne : des policiers protègent la fresque et arrêtent deux militantes ayant jeté des œufs sur la peinture du criminel de guerre. Le ministre de l’Intérieur, Aleksandar Vulin, fait le déplacement dans la soirée, alors que deux manifestations, l’une antifasciste et l’autre pro-Mladic, ont envahi les rues attenantes. Il qualifie le premier rassemblement de «vil et mal intentionné».
L’épisode illustre à quel point l’extrême droite nationaliste serbe est décomplexée et bénéficie de relais au sein du