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La Grèce dit «oui» au mariage homosexuel et à l’adoption pour les couples de même sexe

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La Grèce a choisi jeudi 16 février au soir de devenir le premier pays chrétien orthodoxe à légaliser l’adoption pour des parents de même sexe.
La foule en liesse jeudi 16 février au soir devant le Parlement grec à Athènes après l'adoption du mariage et de l'adoption pour tous. (Louisa Gouliamaki/REUTERS)
publié le 16 février 2024 à 8h45

Un pas crucial franchi pour l’égalité. La Grèce a dit «oui» jeudi 16 février dans la soirée au mariage homosexuel et à l’adoption d’enfants par des couples de même sexe, une réforme sociétale majeure portée par le Premier ministre conservateur qui y a vu «un tournant pour les droits de l’homme». Une fois la loi promulguée, ce pays méditerranéen, dans lequel l’influente Eglise orthodoxe était farouchement opposée à la réforme, va devenir le 37e pays dans le monde, le 17e de l’Union européenne et le premier chrétien orthodoxe à légaliser l’adoption pour des parents de même sexe.

Sur les 254 députés présents au parlement monocaméral, 176 ont voté pour, 76 contre et deux se sont abstenus, à l’issue de deux jours d’un débat parfois houleux. Au moment de l’annonce du résultat, des dizaines de personnes, brandissant des drapeaux arc-en-ciel, ont laissé éclater leur joie devant le Parlement, dans le centre d’Athènes.

Mesure phare de son deuxième mandat, le Premier ministre de droite, Kyriákos Mitsotákis, a salué «un tournant pour les droits de l’homme» dans un «pays progressiste et démocratique, passionnément attaché aux valeurs européennes» au moment où le Parlement européen, dans une récente résolution, s’est alarmé «des menaces très graves qui pèsent sur la démocratie, l’Etat de droit et les droits fondamentaux en Grèce», notamment autour du recul de la liberté de la presse.

Situations ubuesques concernant l’homoparentalité

«A partir de demain une barrière de plus entre nous [citoyens, ndlr] sera supprimée et deviendra un pont de coexistence dans un Etat libre entre citoyens libres», avait-il également assuré lors d’une intervention devant les députés plus tôt dans la journée. L’adoption du projet de loi ne faisait guère de doutes en raison du soutien de plusieurs partis d’opposition de gauche. Mais Kyriákos Mitsotakis était confronté à la rébellion de l’aile la plus conservatrice de son parti Nouvelle Démocratie (ND) opposée à cette réforme.

Depuis 2015, la Grèce dispose d’une union civile mais elle n’offrait pas les mêmes garanties juridiques que le mariage civil. Elle «améliore considérablement la vie de nos concitoyens» homosexuels et de leurs enfants, a-t-il jugé, rappelant qu’il s’agissait là d’«une réalité sociale existante» et qu’en votant pour le mariage homosexuel, les députés allaient lever «une grave inégalité pour notre démocratie». Le Premier ministre a également insisté sur la nécessité de mettre un terme à des situations ubuesques en ce qui concerne l’homoparentalité. Car jusqu’à présent, seul le parent biologique dispose de droits sur l’enfant. En cas de mort de celui-là, l’Etat retire la garde à l’autre parent. Et les enfants de deux pères ne peuvent pas obtenir de papiers d’identité, le nom d’une mère étant obligatoire à l’état civil.

Dans un pays à une écrasante majorité orthodoxe, l’Eglise s’est totalement opposée au projet. Néanmoins, seuls quelque 4 000 opposants, emmenés notamment par Niki, le parti d’extrême droite proche de la Russie, se sont retrouvés dimanche devant le Parlement pour brandir des icônes de la Vierge et des croix chrétiennes.