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Immigration

La Grèce suspend l’examen des demandes d’asile des migrants arrivant d’Afrique du Nord

Cette suspension, annoncée ce mercredi 9 juillet par le gouvernement grec, intervient alors que plus de 7 300 migrants sont arrivés en Crète et à Gavdos depuis le début de l’année, contre 4 935 en 2024.
Dans un camp temporaire de migrants installé dans la région de Réthymnon, sur l'île de Crète, en Grèce, le 24 juin 2025. (Stefanos Rapanis/REUTERS)
publié le 9 juillet 2025 à 16h50

«Le passage vers la Grèce est fermé.» Le message formulé devant les députés par le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a le mérite d’être clair. Athènes va suspendre pour trois mois l’examen des demandes d’asile de migrants arrivant à bord de bateaux en provenance d’Afrique du Nord, alors que le nombre d’arrivées depuis la Libye a fortement augmenté.

«Nous allons informer l’Union européenne de notre décision de suspendre pour trois mois les demandes d’asile pour les migrants arrivant à bord de bateaux en provenance d’Afrique du Nord», a déclaré le chef du gouvernement conservateur au Parlement, en précisant que «tous les migrants qui entrent illégalement seront arrêtés et détenus». Evoquant une «situation d’urgence» qui «exige des mesures exceptionnelles», Kyriakos Mitsotakis a voulu ainsi adresser «un message de détermination […] tant aux trafiquants qu’à leurs clients potentiels».

«Flux migratoire massif, continu et croissant»

Plus de 2 000 migrants ont été secourus au large de la petite île de Gavdos et de la Crète ces derniers jours, marquant un «pic» du nombre d’arrivées, selon les autorités grecques. «Nous parlons d’un flux migratoire massif, continu et croissant, au sud de notre pays», a souligné mardi soir le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, à la télévision.

Selon les autorités grecques, plus de 7 300 migrants sont arrivés en Crète et à Gavdos depuis le début de l’année, contre 4 935 en 2024. Alors que des îles du nord-est de la mer Egée, comme celle de Lesbos, disposent de camps d’accueil, la Crète et Gavdos n’en ont pas et les autorités locales ne cessent d’appeler le gouvernement à prendre des mesures pour y faire face.

«Ce qui s’est passé est sans précédent»

La Grèce avait soulevé ce problème auprès de ses partenaires européens lors du dernier sommet de l’Union européenne fin juin à Bruxelles et une mission avait été préparée pour se rendre en Libye pour s’entretenir avec les autorités libyennes.

Mais mardi, un couac diplomatique a eu lieu entre le gouvernement de l’Est de la Libye, rival du gouvernement d’unité nationale reconnu par l’ONU, basé à Tripoli, et l’UE. A peine arrivés à Benghazi, port de transit des migrants vers l’Europe, le commissaire européen Magnus Brunner accompagné de trois ministres, grec, italien et maltais, ont été sommés de repartir.

«Ce qui s’est passé est sans précédent», a commenté Pavlos Marinakis, n’excluant pas que la Grèce prenne des mesures comme la mise en place de centres d’accueil fermés pour ces migrants. «La logique l’impose. Nous ne pouvons pas abandonner les habitants de ces régions, qui subissent de telles pressions», a-t-il dit.

La Grèce avait déjà temporairement suspendu l’examen des demandes d’asile début 2020 en pleine crise migratoire avec la Turquie, quand des milliers de personnes en quête d’asile dans l’Union européenne avaient afflué à la frontière gréco-turque.