Traitement inhumain des migrants, contrôle des universités, hausse des violences policières… Le scandale des écoutes – qui a vu des journalistes, personnalités politiques et hommes d’affaires espionnés par les services de renseignements grecs, sous la tutelle du Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis – vient s’ajouter à une kyrielle d’autres atteintes à l’Etat de droit. Pour le spécialiste des populismes et de la démocratie au Centre national pour la recherche sociale d’Athènes, Giorgos Katsambekis, cette situation est symptomatique d’une détérioration des libertés publiques.
Que dit cette affaire des écoutes sur l’Etat de droit en Grèce ?
D’abord, nous avons un véritable problème de pluralité de la presse. D’ailleurs, le pays est en 108e position du classement international de RSF, la dernière position des membres de l’Union européenne. Ensuite, en juillet 2019, juste après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre, [Kyriakos Mitsotakis], a placé les médias publics et les services de renseignements sous sa supervision directe. Il porte donc la responsabilité politique des écoutes. Les écoutes de journalistes ne sont ni normales, ni acceptables en Europe, ni compatibles avec la démocratie. D’ailleurs, les pays où elles ont eu lieu, la Hongrie ou la Pologne, tendent vers l’autoritarisme.